Les Champs-Élysées ont été le théâtre de nombreuses violences, samedi dernier. 1:30
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Guillaume Biet, édité par Julien Ricotta
Édouard Philippe a annoncé lundi que les manifestations sur les Champs-Élysées pourraient être interdites en de présence d'"élements ultras".

Les images ont tourné en boucle tout le week-end. "L’acte 18" des "gilets jaunes" a été marqué par le saccage des Champ-Élysées, avec de nombreux commerces et restaurants pillés. Après ces violences, l'exécutif a décidé d’interdire les manifestations sur la célèbre avenue parisienne en cas de présence "d'éléments ultras". Mais cette mesure est-elle facilement applicable ?

L’interdiction, une règle avec de très rares exceptions. L’interdiction des manifestations sur les Champs-Élysées est la règle. Depuis des décennies, la Préfecture de police de Paris rejette systématiquement les demandes officielles de défilés sur la "plus belle avenue du monde". Les très rares exceptions sont des rassemblements spontanés, non déclarés, dont certains ont été tolérés, notamment après les victoires de l’équipe de France de football lors de la dernière Coupe du monde.

Concernant le mouvement des "gilets jaunes", les premiers gros incidents sur les Champs-Élysées ont eu lieu le samedi 24 novembre lors d'une manifestation non déclarée. Le samedi suivant, le 1er décembre, le ministère de l'Intérieur avait voulu exceptionnellement autoriser les gilets jaunes à manifester sur les Champs-Élysées, moyennant un filtrage strict, place de l'Étoile. Le résultat avait été le saccage de l'Arc de Triomphe et de plusieurs avenues avoisinantes.

Une mise en pratique compliquée. Interdire les défilés sur les Champs-Élysées ne nécessite qu’un simple arrêté préfectoral. Mais il est nettement plus compliqué pour les autorités d’empêcher physiquement des manifestants et des casseurs de se rendre sur l'avenue. Cela demande énormément de moyens et de forces de l'ordre, avec le risque que les violences se reportent ailleurs, notamment dans les rues adjacentes.

En cas d'interdiction préfectorale formelle, venir manifester est passible d'une simple amende de première classe, soit 38 euros. Cette amende pourrait passer à 135 euros, a annoncé lundi Édouard Philippe. Encore faut-il interpeller les manifestants pour une simple contravention. En revanche, si les forces de l'ordre font des sommations de dispersion, la sanction passe à un an de prison et 15.000 euros d'amende.