"Pendez les Blancs" : "ce morceau, c'est un miroir", explique Nick Conrad

Si c'était à refaire, Nick Conrad admet qu'il rajouterait la mention "Ceci est une fiction", dans l'introduction de son clip.
Si c'était à refaire, Nick Conrad admet qu'il rajouterait la mention "Ceci est une fiction", dans l'introduction de son clip. © Capture d'écran
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Ophélie Gobinet , modifié à
Le rappeur, sorti de l'anonymat en une journée, est au cœur d'une polémique suscitée par son clip, qui a provoqué un tollé auprès de certains membres du gouvernement. 

La vidéo dure neuf minutes. Elle a été tournée à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Mercredi, elle a provoqué l'indignation au sein du gouvernement et a déclenché l'ouverture du parquet de Paris. En cause : des paroles crues et des images chocs. L'une des séquences du début montre notamment le rappeur Nick Conrad enfoncer un revolver dans la bouche d'un Blanc, le forçant à mordre le trottoir, avant de lui éclater la tête avec le pied. Une scène directement inspirée du film American History X (avec Edward Norton, sorti en 1998) où un Blanc néonazi tue un Noir.

"J'ai voulu inverser les rôles de l'homme blanc et l'homme noir". Au Parisien, Nick Conrad a expliqué avoir pensé son morceau comme "un miroir". "Ce clip avait pour vocation première de retracer l’Histoire du peuple noir. Ce morceau, c’est un miroir, une réponse aux injustices vécues par ma communauté depuis l’esclavage", explique-t-il. "J’ai cette impression que l’homme noir doit toujours faire plus d’efforts pour s’intégrer et rentrer dans le moule que veut lui imposer la société : à l’école, dans la rue, durant un entretien d’embauche", argumente Nick Conrad qui rappelle que son clip n'est qu'une fiction. "J'ai voulu inverser les rôles de l'homme blanc et l'homme noir. Et proposer une perception différente de l'esclavage".

Des paroles inspirées d'un propriétaire d'esclaves du 18e siècle. Nick Conrad assume le côté "choc" de sa vidéo. "C'était voulu, nécessaire", affirme-t-il... "mais pas à un tel niveau". "Les gens n’en retiennent que le négatif, ils surfent dessus !", lance-t-il. Sur Europe 1, le sénateur LR Bruno Retailleau, un des premiers à avoir dénoncé le clip, est allé jusqu'à évoquer "un combat de civilisation contre la barbarie". "Les phrases de mon morceau qui ont tant choqué, je ne les ai pas sorties de nulle part. Je me suis inspiré des propos tenus par William Lynch (d'où vient le terme "lyncher", ndlr), un Américain du 18e siècle qui expliquait à l’époque comment 'bien dresser un nègre'". 

"Les propos d'Éric Zemmour, sont eux, bien réels". Si c'était à refaire, Nick Conrad admet qu'il rajouterait la mention "Ceci est une fiction", dans l'introduction de son clip. "Moi je voulais juste faire passer un message simple : acceptons-nous les uns les autres dans notre différence", plaide-t-il. "Quand j’entends des propos comme ceux qu’a pu tenir Eric Zemmour, qui sont eux, bien réels, dans le pays des droits de l’Homme, je me dis que je n’ai pas envie que mes enfants entendent ça un jour".