Notre-Dame : et s'il n'y avait pas assez de tailleurs de pierre et de charpentiers ?

Emmanuel Macron a souhaité mardi soir que la cathédrale soit rebâtie "plus belle encore" d'"ici cinq années".
Emmanuel Macron a souhaité mardi soir que la cathédrale soit rebâtie "plus belle encore" d'"ici cinq années". © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP
Le secrétaire général des Compagnons du devoir a dit mardi craindre un manque de main d'oeuvre en France pour reconstruire la cathédrale Notre-Dame de Paris, partiellement détruite par un incendie.

La reconstruction de Notre-Dame de Paris risque d'être confrontée "à un manque de main d'oeuvre en France en tailleurs de pierre, charpentiers et couvreurs", des métiers "peu valorisés", a averti mardi le secrétaire général des Compagnons du devoir Jean-Claude Bellanger.

Des métiers "peu valorisés"

"Pour le chantier de reconstruction, il faudrait que dès septembre nous recrutions en apprentissage 100 tailleurs de pierre, 150 charpentiers et 200 couvreurs", a estimé Jean-Claude Bellanger, interrogé par l'AFP à l'issue d'une rencontre avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud pour préparer le Conseil des ministres consacré mercredi à la reconstruction de la cathédrale.

La difficulté, "c'est que ces métiers manuels sont peu valorisés et attirent peu. On a les entreprises qui ont les compétences pour la reconstruction mais on a un manque cruel de jeunes sur ces métiers", a ajouté le responsable de ces centres d'apprentissage. "Les Compagnons du devoir forment chaque année environ 1.000 charpentiers, 700 couvreurs et 450 tailleurs de pierre", a-t-il précisé. "Sur les tailleurs de pierre, nous ne sommes que deux CFA (centres de formation d'apprentis) dans l'Île-de-France et le seul dans le Grand Ouest", a souligné Jean-Claude Bellanger.

Au détriment d'autres chantiers ?

Sans afflux d'apprentis vers ces métiers, la priorité donnée à Notre-Dame "risque de se faire au détriment d'autres chantiers", a-t-il déploré. "Il faudrait que ces métiers retrouvent la reconnaissance d'excellence qu'ils avaient au 13ème siècle lorsqu'on a construit la cathédrale", a-t-il plaidé.

Jean-Claude Bellanger voudrait s'appuyer sur "le prestige du chantier de la reconstruction pour améliorer l'image de ces métiers manuels". "Si le jeune de 16 ans, qui vient chez nous pour un parcours de six ans permettant d'arriver à une licence professionnelle, avait comme perspective de travailler sur le chantier de Notre-Dame, ce serait très valorisant", a-t-il jugé.