Marseille : après l’effondrement des immeubles, ces questions qui se posent

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Alors que plusieurs corps ont été retrouvés sous les décombres au 65, rue d’Aubagne, dans la cité phocéenne, la question des responsabilités commence à se poser. Même si l’enquête pourrait être longue.

Mardi, quatre victimes ont été découvertes sous les décombres dans la rue d’Aubagne, à Marseille. C’est là, aux numéros 63 et 65, que deux immeubles d’une grande vétusté se sont effondrés lundi. Le bilan pourrait encore s’alourdir, et les recherches se poursuivaient dans la soirée. Mais déjà, de nombreuses questions se posent. Sur place, les habitants crient leur colère et les autorités se défendent de tout manquement. En attendant les résultats d’une enquête qui devrait être longue, voici de premiers éléments de réponse.

A qui appartenaient les immeubles effondrés ?

L’immeuble du 63, le premier à s’être effondré, emportant la construction mitoyenne dans sa chute, appartenait à la mairie de Marseille. Il était fermé et muré par la municipalité, qui l'avait racheté au bailleur Marseille Habitat après avoir pris un arrêté de péril en 2008. Mais il était "entièrement sécurisé", a assuré l'adjointe au maire chargée du logement, Arlette Fructus. 

En revanche, l’immeuble du numéro 65 était en copropriété. Il était composé d’une dizaine d’appartements.

Enfin, un troisième immeuble, au numéro 67, et qui s’était partiellement effondré, a été définitivement détruit par les secours. Il était inhabité et muré depuis l’été 2012.

Qui logeait dans cet immeuble ?

En théorie, personne aux 63 et aux 67, puisque l’entrée de ces deux immeubles était condamnée. Rien ne dit toutefois que des squatteurs ne se sont pas installés dans les lieux.

Ce qui est certain en revanche, c’est que l’immeuble situé au 65 était lui bel et bien habité. Neuf des dix appartements étaient en effet occupés par des résidents au moment du drame, même si tous n’étaient pas à l’intérieur du bâtiment quand il s’est effondré.

Quel devait être le sort des immeubles concernés ?

Le 63 et le 67 étaient fermés et (théoriquement) sécurisés depuis de longues années, en attente d’une très hypothétique réhabilitation.

En revanche, le cas du 65 est plus problématique et c’est probablement sur lui que se portera d’abord l’attention des enquêteurs. L’immeuble avait été l’objet d’un arrêté de péril imminent en janvier 2017, arrêté finalement levé en juin de la même année. Mais un nouvel arrêté avait été pris en octobre dernier suite à l’effondrement d’une partie de la cage d’escalier. Des travaux avaient été réalisés au premier étage "permettant la réintégration des occupants", selon la mairie de Marseille. Le 18, une expertise avait été menée par les services agréés par le tribunal, qui avaient donné leur accord au retour des habitants. Ce sont ces résidents, dont on ne sait pas encore s’il s’agissait des propriétaires des biens ou de locataires, qui devraient payer le plus lourd tribut de ce drame.

Pourquoi les immeubles se sont-ils effondrés ?

L’enquête devra déterminer les causes exactes de ce terrible accident. Mais l’âge des immeubles, qui datent de près de 200 ans, n’est évidemment pas étranger à la catastrophe.

"Ce dramatique accident pourrait être dû aux fortes pluies qui se sont abattues sur Marseille ces derniers jours", a expliqué mardi matin la mairie, qui a évacué et relogé 100 habitants des immeubles à proximité. Mais plusieurs représentants de l'opposition ont fait le lien avec l'ampleur du problème du logement indigne à Marseille, notamment dans le centre. "Ce sont les maisons des pauvres qui tombent et ce n'est pas un hasard", a tonné le chef de file des Insoumis et député du secteur Jean-Luc Mélenchon.

La mairie a engagé depuis 2011 un vaste plan de requalification du centre-ville, mais sans pouvoir véritablement remédier au problème. Selon un rapport remis au gouvernement en 2015, le logement indigne menace la santé ou la sécurité de 100.000 habitants de Marseille.