Mali : l'otage française Sophie Pétronin apparaît dans une vidéo postée par ses ravisseurs

sophie pétronin 1280 SITE INTELLIGENCE GROUP / AFP
Une vidéo de Sophie Pétronin avait déjà été publiée en juillet 2017. © SITE INTELLIGENCE GROUP / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Des images de Sophie Pétronin, otage depuis deux ans dans le nord du Mali, ont été publiées sur les réseaux "officiels" de l'organisation terroriste qui l'a enlevée.

C'est une vidéo d'une minute et demie, sans aucun commentaire. Sur un fond noir apparaissent ces mots, en grosses lettres dorées : "Save old Sophie" (Sauvez la vieille Sophie, ndlr).

Jeudi 1er mars, l'otage française Sophie Pétronin, enlevée au Mali fin 2016, est apparue dans une courte vidéo diffusée par le "Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans", a annoncé SITE, un centre américain spécialisé dans la surveillance en ligne de la mouvance djihadiste. La vidéo d'un peu plus d'une minute, que rien ne permet de dater, laisse entendre que l'état de santé de Sophie Pétronin, âgée de 75 ans et qui dirigeait une association d'aide aux orphelins, est précaire.

L'otage, enlevée à Gao, dans le nord du Mali, le 24 décembre 2016 par des hommes armés, ne s'exprime pas sur cette vidéo. En voix off, on entend un enregistrement du président français Emmanuel Macron répétant en boucle "Je vous protégerai". Aucun groupe n'avait revendiqué le rapt, jusqu'à ce qu'en juillet 2017, la principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, diffuse une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017, dont Sophie Pétronin.

Son époux "garde toujours espoir". "J'ai entendu l'information à la radio ce matin, ma belle-fille m'a prévenu ce matin aussi. Mon fils, qui chapeaute nos contacts avec les autorités, avait été prévenu par le Quai d'Orsay hier soir (jeudi soir)", a déclaré vendredi son mari, Jean-Pierre Pétronin, qui "garde toujours espoir". "J'espère que cette vidéo est vraie et qu'elle est vivante", a poursuivi Jean-Pierre Pétronin, qui habite en Haute-Savoie et dirige une société en Suisse. "Il y a son âge, elle va avoir 76 ans, en juillet prochain. J'espère que ça va faire bouger les choses", a-t-il ajouté.

Des tensions entre la famille et le Quai d'Orsay. En fin d'année dernière, "mon fils avait eu un contact avec Monsieur (Jean-Yves) Le Drian (ministre des Affaires étrangères, ndlr) qui lui avait assuré que tous les services restaient mobilisés: mais ils sont tellement mobilisés que rien ne se passe !", a déploré le mari de l'otage. La force française "Barkhane est sur place, avec des hommes, du matériel... Je ne comprends pas qu'on n'arrive pas à dialoguer avec ces gens, les ravisseurs", a ajouté Jean-Pierre Pétronin. Sébastien Chadaud-Pétronin, le fils, qui se trouve également en France, a fait état de tensions avec le ministère des Affaires étrangères. "Nous voulons les rencontrer mais pour cela il faut être deux !", a-t-il dit.

Le fils de Sophie Pétronin tire la sonnette d'alarme. "Il y a urgence: sur la vidéo, elle est alitée et elle pleure", a souligné Sébastien Chadaud-Pétronin. "C'est un montage satirique qui reprend les propos d'Emmanuel Macron: ils sont dans le pied de nez, ce n'est pas un accusé de réception d'une entame de négociations ! Après le carton jaune de la vidéo de juillet, c'est un carton rouge!", s'est-il exclamé. Si les autorités "ne veulent pas discuter avec les ravisseurs, c'est leur droit mais qu'ils le disent et assument. Nous, la famille, on ne va pas lâcher l'affaire, on va retourner là-bas pour essayer de retrouver sa trace, avec ou sans aide. Laissez-nous oeuvrer si vous ne voulez rien faire ! Ne lui enlevez pas cette petite lumière qui lui reste", a-t-il conclu, "extrêmement en colère".

Le Quai d'Orsay argue "la discrétion". Le ministère des Affaires étrangères a réaffirmé que les autorités françaises étaient pleinement mobilisées et souligné que la plus grande discrétion s'imposait dans la gestion de prises d'otages. "L'ensemble des services de l'État est mobilisé pour notre compatriote et est en contact avec sa famille", a déclaré la porte-parole du Quai d'Orsay, Agnès von der Mühll. "Comme vous le savez, dans ce type de situations, la plus stricte discrétion est de rigueur", a-t-elle ajouté.