Malgré la crise, l'agriculture attire toujours plus de jeunes

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Le nombre de candidats au BTS "Production Animale" a augmenté de 19% en huit ans. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Théo Maneval et T.M. , modifié à
Il n'y a jamais eu autant de candidats pour les BTS agricoles, avec de nouveaux profils et de nouvelles aspirations.
ENQUÊTE EUROPE 1

Paradoxe.Les manifestations et les blocages organisés depuis des mois l'ont montré, la filière agricole est en crise. Beaucoup d'éleveurs parlent même de "désespoir". Et pourtant, il n'y a jamais eu autant de candidats pour les BTS agricoles en France : +14% pour le BTS "Conduite de l'Entreprise Agricole" ces huit dernières années, +19% pour le BTS "Production Animale".

Les profils ont changé. Les étudiants sont de moins en moins des enfants d'agriculteurs. Ils ont des parents infirmiers, employés de banque ou enseignants, et sortent parfois d'un bac littéraire ou d'un cursus en électronique. Ce qui les pousse, malgré les difficultés du secteur, c'est la passion qu'ils entretiennent, parfois depuis tout petit, pour l'agriculture. "Ça fait un peu peur, après, on n'est pas des fous. C'est une passion. On sert à quelque chose dans la société. Produire pour nourrir la France, c'est un truc qui m'a toujours motivé", raconte Antoine, en BTS au lycée agricole Bougainville, en Seine-et-Marne.

Vers un nouveau modèle économique. Pour pouvoir vivre de l'agriculture, ils le savent, il est impossible de rester dans le modèle économique actuel, qui a mené au chaos entre producteurs et intermédiaires. Il faudra désormais allier culture et élevage et se tourner de plus en plus vers la vente directe. C'est d'ailleurs la base du projet d'un nombre croissant de jeunes, comme Marine. "Les consommateurs voient le contexte, puis après il y a de la transformation et de la vente sur place. L'éleveur, c'est lui qui a tout fait, donc il est capable de vendre son produit et il peut fixer son prix", explique la jeune femme.

Une formation plus adaptée. Le métier d'agriculteur n'est plus celui d'il y a 50 ans, il devient celui d'un chef d'entreprise. Il faut désormais tout maîtriser, de la production à la stratégie commerciale. La formation s'est donc adaptée. En quinze ans, les cours pratiques d'utilisation de certaines machines ont cédé la place à davantage d'anglais ou de gestion. "On connait l'analyse du bilan, on est capable de calculer une marge pour savoir s'il est rentable ou non de faire quelque chose", explique la directrice du lycée agricole Bougainville, Isabelle Thuillier. "On apprend aujourd'hui aux jeunes à fonctionner dans un système de gestion de crise permanente et d'adaptation", continue-t-elle.

Le conseil donné à tous les étudiants est aussi de continuer à se former après le BTS, vers l'ingénierie, l'agroalimentaire ou les nouvelles technologies agricoles, afin d'être le plus complet possible.