La justice étudie jeudi la demande libération conditionnelle de Michel Cardon, détenu depuis 40 ans

Condamné à perpétuité, Michel Cardon aurait pu demander sa libération conditionnelle depuis vingt ans (image d'archives).
Condamné à perpétuité, Michel Cardon aurait pu demander sa libération conditionnelle depuis vingt ans (image d'archives). © AFP
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avec AFP , modifié à
Touché par la situation de Michel Cardon, incarcéré depuis plus de 40 ans pour meurtre, un avocat a déposé une demande de libération conditionnelle qui est étudiée jeudi. 

Le tribunal d'application des peines étudie jeudi la demande de libération conditionnelle de Michel Cardon, condamné à la perpétuité pour meurtre en 1977 et emprisonné depuis plus de 40 ans à Bapaume, dans le Pas-de-Calais. Un avocat avait demandé sa grâce au président Emmanuel Macron, fin février.

Autorisé à demandé sa libération depuis vingt ans. En 1977, Michel Cardon et un complice avaient été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'un voisin qu'ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un butin de 200 francs et une charrette d'objets dérisoires.

Un détenu "oublié". Selon son avocat, Michel Cardon est l'un des plus anciens prisonniers de France et aurait pu réclamer depuis vingt ans le bénéfice d'une liberté conditionnelle mais il a purgé sa peine, isolé, sans contact avec l'extérieur. La commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Lille (CPMS), qui a examiné son cas en janvier, a elle-même constaté "qu'aucun projet d'exécution de peine n'a été imaginé à son sujet" et de s'étonner : "On dirait qu'il a été 'oublié' en détention".

"C'est une personne qui se laisse aller", selon son ancien co-détenu. Son premier parloir en trente-huit ans d'incarcération a été celui de son co-détenu tout juste libéré à l'été 2016. C'est ce dernier qui a alerté sur le sort de son ancien compagnon de cellule. "Ça me fait de la peine", avait-il raconté au micro d'Europe 1 après avoir revu Michel Cardon en parloir. "C'est une personne qui se laisse aller. Il n'a plus goût à rien. Ça n'a plus de sens au bout de quarante ans. Si on le laisse comme ça, il va mourir là-bas."

Une apparence de Robinson Crusoé. Son second parloir a été celui de son avocat qui, dans une lettre ouverte, a déploré : "La société qui vous a sanctionné a choisi aussi de vous oublier". Eric Morain avait alors confié le choc de sa première rencontre avec Michel Cardon, son impression de voir "Robinson Crusoé" : "Il avait une barbe qui lui mangeait le visage, la bouche tordue après un AVC, des difficultés d'élocution du fait de problèmes cardiaques, il est sourd d'une oreille, a une cécité partielle... mais il a aussi l'un des plus beaux sourires que j'aie vus de ma vie". 

Une demande de libération conditionnelle. S'adressant par la suite au président de la République, Eric Morain avait demandé la grâce du détenu. "Je vous demande solennellement (...) d'user de votre droit de grâce au bénéfice de M. Michel Cardon, détenu au centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) sous le numéro d'écrou 7147 depuis 40 ans, 3 mois et 14 jours" [le 12 février dernier]. L'avocat avait également déposé une demande de libération conditionnelle auprès du tribunal d'application des peines d'Arras, qui sera étudiée jeudi.

Une association volontaire pour le prendre en charge. Selon l'avocat, son cas a attiré l'attention du président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand et une association du Val-d'Oise étudie la possibilité de le prendre en charge s'il sortait de prison.