Laurent Berger 2:03
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Mathilde Durand , modifié à
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a récemment indiqué que la réforme des retraites était "une priorité absolue". "La priorité du moment c'est la relance économique, la cohésion sociale", réagit Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, sur Europe 1. 
INTERVIEW

La réforme des retraites, "une priorité absolue" ? Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, a récemment remis le sujet des retraites dans l'actualité lors d'une interview au journal Le Parisien. Il a notamment évoqué "des réformes structurelles" face à la dette creusée par la crise sanitaire du Covid-19. Des propos qui ont divisé le monde politique et syndical. "La question des retraites est complétement inappropriée aujourd'hui", rétorque Laurent Berger, secrétaire Général de la CFDT, sur Europe 1.

"La priorité du moment c'est la relance économique, la cohésion sociale, c'est la question de l'emploi, du chômage. Il faut se concentrer là-dessus", assure le syndicaliste. "La relance économique doit se faire en investissant sur les bons leviers : la transition écologique, les secteurs les plus en difficulté qu'il faut soutenir, en faisant évoluer les compétences des salariés...."

Un risque de conflit social 

Pour Laurent Berger, une réforme des retraites serait inappropriée pour deux raisons. Un risque de mauvais diagnostic, tout d'abord. "On n'a pas la mesure de tout ce que cette crise du Covid a produit sur tous les systèmes sociaux, notamment sur le système de retraite", explique-t-il, ajoutant que l'étendue de la dette n'était pas encore connue, puis les investissements en soutien de l'économie se poursuivaient. 

"Je crois qu'on a suffisamment de conflictualité, suffisamment de tensions pour ne pas s'en rajouter en remettant la question des retraites sur la table", ajoute-t-il enfin, pointant le risque d'un conflit social. 

Pas de possibilités d'ici "la présidentielle"

"Si le gouvernement au printemps vient avec une réforme paramétrique des retraites, c’est-à-dire une gestion financière de la question des retraites, en voulant allonger la durée du travail, des cotisations ou je ne sais quoi, la CFDT s'y opposera fermement", assure Laurent Berger.

Plus que le fond, c'est le contexte et le temps qui ne sont pas propices à cette réforme selon le syndicaliste. "La CFDT est attachée à un système universel des retraites, mais on n'a pas le temps d'y travailler sereinement pour que ça se passe sans tensions", explique-t-il. "Pour travailler sur le fond d'un système de retraite universel on peut continuer d'y réfléchir, il n'y a pas de problèmes pour nous mais si, comme c'était plutôt l'orientation prise par Bruno Le Maire, c'est une question de réforme financière des retraites, la réponse est non".

"D'ici la présidentielle, il n'y a pas de possibilités. Sauf à vouloir une explosion sociale", constate le secrétaire général de la CFDT.