La police de sécurité du quotidien à la reconquête des quartiers

Gérard Collomb a présenté jeudi la "police de sécurité du quotidien" (PSQ) qu'il entend lancer à la "reconquête républicaine".
Gérard Collomb a présenté jeudi la "police de sécurité du quotidien" (PSQ) qu'il entend lancer à la "reconquête républicaine". © AFP
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avec Reuters , modifié à
Le ministre de l'Intérieur a présenté jeudi la "police de sécurité du quotidien" (PSQ) qu'il entend notamment lancer, dans un premier temps, à la "reconquête républicaine" d'une soixantaine de quartiers sensibles.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a présenté jeudi la "police de sécurité du quotidien" (PSQ) qu'il entend notamment lancer, dans un premier temps, à la "reconquête républicaine" d'une soixantaine de quartiers sensibles.

La mise en place de cette PSQ, qui mobilisera d'ici 2020 1.300 policiers de plus dans ces quartiers et 500 gendarmes supplémentaires dans 20 départements prioritaires, s'inscrit dans une vaste réforme qui concernera aussi la justice, avec un projet de loi révisant la procédure pénale au printemps 2018.

Voici les principales mesures annoncées par le ministre, après une consultation des policiers et gendarmes (plus de 70.000 questionnaires rendus) conduite fin 2017.

Des forces recentrées sur leur cœur de métier

Retour sur le terrain de 4.500 policiers et gendarmes d'ici 2022 grâce à :

• la suppression des "tâches indues" (gestion des procurations de vote, gardes statiques des préfectures, extractions judiciaires, conduites aux urgences…) et l'externalisation de certaines missions vers le secteur privé

• le remplacement d'agents opérationnels par des agents administratifs pour des fonctions de soutien (2.500 postes dans la police, 1.500 dans la gendarmerie) 

• la simplification et la dématérialisation de la procédure pénale, assorties d'un renforcement des pouvoirs des officiers de police judiciaire. Le gouvernement veut renforcer l'effectivité des sanctions infligées aux délinquants, notamment par la "forfaitisation" de l'usage de stupéfiants, de l'outrage sexiste, du vol à l'étalage et de la vente à la sauvette. Il envisage aussi d'éloigner de leur quartier des personnes ayant commis des infractions, sous le contrôle d'un juge.

Des forces respectées sur le terrain

Le gouvernement promet des sanctions effectives pour les auteurs d'agressions contre les forces de sécurité et de secours, une réaction systématique en cas de mise en cause injustifiée, et un effort de formation des agents. La réforme intègre un plan immobilier triennal (2018-2020) de 900 millions d'euros (près de 1,5 milliard sur cinq ans) et des crédits d'équipement de 150 millions d'euros par an pour la police, de 143 millions par an pour la gendarmerie.

Il s'agit notamment de 15.000 voitures et 50.000 gilets pare-balle pour la police, de 15.000 voitures et 20.000 gilets pare-balle pour la gendarmerie, ainsi que d'armes non létales, comme des pistolets à impulsion électrique, pour les deux.

Une police et une gendarmerie sur mesure

Soixante quartiers prioritaires ont été sélectionnés, en raison notamment de l'importance des trafics et des incivilités qui s'y déroulent. La PSQ sera déployée dans les quinze premiers d'ici septembre et dans quinze autres à partir de janvier 2019. Parmi ces 30 quartiers figurent La Chapelle, dans le nord de Paris, Le Mirail à Toulouse, les quartiers nord de Marseille, le 8ème arrondissement de Lyon, Le Neuhof-La Meinau à Strasbourg, La Mosson-La Paillade à Montpellier, les Tarterêts de Corbeil-Essonne, le centre ville de Calais et des cités de Sarcelles, Lille, Aulnay-sous-Bois, le Havre, Nantes, Nice, etc.

Selon Gérard Collomb, 15 à 30 policiers sélectionnés par leurs chefs de services iront ainsi renforcer les effectifs dans chacun de ces quartiers pour accroître le nombre de patrouilles et les actions contre les trafics, par exemple. Au total, 600 policiers et une trentaine de "délégués cohésion police-population" seront mobilisés dans ces 30 quartiers au titre de la PSQ. Ils seront 1.300 lorsque le nombre de quartiers concernés sera porté à 60, fin 2020. 

Des forces mieux connectées

• déploiement de 110.000 tablettes d'ici 2020 (60.000 dans la gendarmerie, 50.000 dans la police) et de 10.000 caméras piétons supplémentaires d'ici 2019.

• doublement des effectifs dédiés à la lutte contre la cyber-criminalité avec 800 agents supplémentaires en cinq ans, une nouvelle stratégie et de nouveaux logiciels.

• mise en place de services dématérialisés pour les usagers, notamment pour certaines plaintes, pré-plaintes ou signalements, notamment pour les agressions sexuelles.

Des coopérations renforcées

• mission parlementaire sur un partenariat renforcé avec les sociétés de sécurité privées.

• association de tous les maires à l'élaboration de stratégies de lutte contre la délinquance.

• développement de la Garde nationale (10.000 réservistes dans la police, 30.000 dans la gendarmerie).