La cavale meurtrière de Roberto Succo : "un tueur comme il y en a un à trois par siècle"

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Le meurtrier Roberto Succo. © AFP
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Guillaume Perrodeau
Chez Christophe Hondelatte, l'expert-psychiatre Daniel Zagury revient sur le parcours criminel de Roberto Succo, mort en 1988.

C'est une des plus grandes histoires criminelles des années 1980. Celle du tueur en série italien Roberto Succo. Entre 1986 et 1988, il a tué au moins six personnes, a commis des cambriolages et a agressé des gens sans raison. Chez Christophe Hondelatte jeudi, Daniel Zagury, chef de service au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy et expert-psychiatre auprès des tribunaux, revient sur le parcours de ce fameux criminel.

Un double parricide extrêmement rare. Roberto Succo a 19 ans lorsqu'il tue son père et sa mère en 1981, à Mestre, près de Venise. Arrêté et présenté à des experts psychiatres, il est déclaré schizophrène et donc pénalement irresponsable de ses crimes. Direction l'hôpital psychiatrique de Bologne. "La façon dont il rapporte le délire qui a accompagné le meurtre de sa mère et de son père est absolument caractéristique des doubles parricides schizophréniques", souligne Daniel Zagury. Des doubles parricides qui sont extrêmement rares. "Entre deux à trois par an", détaille l'expert.

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Absence de logique. Mais en 1986, Roberto Succo s'évade et se rend en France, sans que les autorités italiennes ne partent vraiment à sa recherche. Le jeune homme commence alors sa longue série de crimes dans le sud-est de la France. Et pendant longtemps, le responsable de ces crimes reste introuvable. Pour la presse, il devient "le tueur de la pleine lune", en raison des dates de ses passages à l'acte.

Mais ce qui se dégage du parcours criminel de Succo, c'est l'absence de logique. Les policiers sont alors à la recherche d'un homme qui semble agir au hasard. Un homme capable d'enlever une femme et son fils, de les forcer à se déshabiller avant de les laisser en vie, seuls et nus, dans une décharge municipale. "On est en présence d'un tueur comme il y en a un à trois par siècle", explique l'expert-psychiatre Daniel Zagury au micro de Christophe Hondelatte.

"Un grand nombre de schizophrènes mettent fin à leur vie". Finalement, c'est grâce à une lycéenne, petit ami de Roberto Succo à l'époque et qui le reconnaît dans le portrait-robot, que la police met enfin un nom sur les crimes. Les autorités découvrent alors son passé et le double-meurtre de ses parents. Quelques jours plus tard, en février 1988, Roberto Succo est retrouvé et arrêté en Italie, à Bocca di Strada, un village situé près de Venise.

Il est à nouveau déclaré "schizophrène paranoïde" et placé en asile. Quelques semaines plus tard, en mai 1988, on le retrouve mort dans sa cellule. Il s'est suicidé avec une cartouche de gaz et un sac plastique. "Un grand nombre de schizophrènes mettent fin à leur vie. Soit du fait d'une souffrance absolument indicible, soit d'une prise de conscience de leur destin", indique Daniel Zagury.