"Je croyais à l’impunité sur les réseaux sociaux" : Mehdi Meklat revient, dans un livre, sur ses tweets antisémites

Mehdi Meklat regrette d'avoir été discrédité sans pouvoir se justifier.
Mehdi Meklat regrette d'avoir été discrédité sans pouvoir se justifier. © Capture d'écran "La Grand Librairie"
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Ancien chroniqueur du Bondy Blog et de France Inter dont la carrière a été stoppée après la découverte de tweets haineux début 2017, Mehdi Meklat s'explique dans un livre.

"J’ai écrit pour essayer de comprendre ce qui m’est arrivé : ce que j’ai fait mais aussi ce qu’on a fait de moi." Mehdi Meklat, ancien chroniqueur du Bondy Blog et de France Inter tombé en disgrâce en 2017 après la résurgence d'une série de tweets antisémites, revient sur la polémique dans un livre, Autopsie. "Je pense que l’écriture est plus respectueuse que le silence. En février 2017, quand l’affaire a éclaté, j’étais inaudible", explique-t-il dans une interview au Journal du Dimanche

Une vingtaine de tweets choquants. Pour rappel, Mehdi Meklat avait été pris dans une polémique début 2017. En pleine promotion de son dernier livre, le jeune homme, alors âgé de 24 ans, avait vu certains de ses tweets, publiés sur un compte annexe, exhumés par des internautes. Des messages au contenu choquant, souvent raciste, antisémite et misogyne. "Ben Laden me manque" ; "Regrette que Ben Laden soit mort. Il aurait pu tout faire péter" ; "Pourquoi les juifs ont le droit de prendre le métro aussi ?", pouvait-on lire sur le compte Twitter de "Marcelin Deschamps", dans une période comprise entre 2010 et 2015.

Près de deux ans après l'affaire, Mehdi Meklat réitère ses excuses aux personnes qui se sont senties offensées. "Je me suis excusé dès le début. J’implore à nouveau le pardon de ceux qui se sont sentis blessés par cette vingtaine de tweets que l’on a ressorti parmi 53 000 qui m’horrifient aujourd'hui", assure le jeune homme. "Mon compte Twitter, sous le pseudo de Marcelin Deschamps, sur lequel je les ai postés, entre l’âge de 19 et 25 ans, c’était celui d’un gamin qui écrivait des tas de trucs insignifiants ou drôles, sur toutes les communautés, dont ces quelques messages ignobles. Je ne suis pas antisémite, ni négrophobe, homophobe ou arabophobe", martèle-t-il au JDD.

 

"La sanction n’est pas identique pour tout le monde". Mehdi Meklat explique n'avoir eu "aucune recul" sur les agissements de son double numérique. "Mon 'moi virtuel' était lancé dans une folle course aux followers. Pour en gagner, il fallait être toujours plus transgressif, toujours contre, provoquer pour exister. Mais je ne pensais rien de ces tweets", se défend l'écrivain. "Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai plongé dans le virtuel sans en connaître ni les codes ni les dangers. Je croyais à l’impunité sur les réseaux sociaux."

 

 

Dans son livre, Mehdi Meklat tiens à défendre son intégrité journalistique. "On me dit : 'Vos écrits sont antisémites, donc vous êtes antisémite.' Mais les faits démontrent le contraire : tout mon travail de journaliste pendant onze ans. Surtout, je n’ai jamais tenu de propos pareils dans la vraie vie", rappelle-t-il. Il regrette également d'avoir été descendu en flammes si rapidement. "En cas de dérapage, la sanction n’est pas identique pour tout le monde. Quand Lorànt Deutsch s’abrite derrière des pseudos pour attaquer des gens, sa carrière n’est pas remise en question. La mienne, celles de la chanteuse Mennel ou du haut-fonctionnaire Rayan Nezzar l’ont été", observe Mehdi Meklat. "Pourquoi ? Ça révèle un fantasme raciste : comme si l’Arabe de banlieue têtait l’antisémitisme avec le lait de sa mère."