Irma : un mois après, les rescapés exilés en métropole toujours en colère

Rapatriées de l'île de Saint-Martin, 166 personnes étaient toujours bloquées dans des hôtels de Roissy près d'un mois après.
Rapatriées de l'île de Saint-Martin, 166 personnes étaient toujours bloquées dans des hôtels de Roissy près d'un mois après. © AFP
  • Copié
Théo Maneval avec Marguerite Lefebvre édité par C.O.
La majorité des rescapés de l'ouragan Irma à Saint-Martin exilés en métropole vivent provisoirement chez de la famille ou des amis. Aujourd'hui 450 personnes sont en attente d'un hébergement stable.

Des milliers d'habitants de Saint-Martin ont tout perdu après le passage de l'ouragan Irma aux Antilles. Un mois et demi après la catastrophe, la question de l'hébergement est loin d'être réglée pour de nombreux rescapés. Certains sont restés mais ils sont 7.000 à avoir quitté l'île, dont 2.500 pour la métropole.

450 personnes en attente d'un hébergement stable en métropole. 150 d'entre eux ont trouvé refuge dans le domaine des Trois-Châteaux, dans l'Oise. Deux ministres leur ont d'ailleurs rendu visite mardi. Mais la vie de château pour ces rescapés n'est que la partie émergée de l'iceberg. Pour beaucoup d'autres, la galère continue. La majorité vit provisoirement chez de la famille ou des amis. Aujourd'hui 450 personnes sont en attente d'un hébergement stable.

"Je me sens abandonné". Comme Christophe, baladé d'hôtel en hôtel par les associations mandatées par l'État : "Ça fait une semaine qu'ils me laissent pourrir là", dans une minuscule chambre, sans cuisine, au Nord de Paris. "L'hôtel ne fait pas à manger, il n'y a pas d'eau chaude depuis six jours. Ils ne me donnent pas de nouvelles, et je n'en peux plus. Je n'en peux plus. Je suis fatigué, j'ai faim, je me sens abandonné totalement !", explique-t-il au micro d'Europe 1.

Beaucoup sont sortis des radars. Face à ce sentiment d'abandon, le gouvernement a souvent du mal à garder une trace des rescapés. Car beaucoup sont sortis des radars. Après trois semaines de galère avec ses deux enfants dans une chambre d'hôtel, près de l'aéroport d'Orly, Alice a ainsi préféré quitter le protocole géré par l'État. Elle est partie à Colmar où, par chance, elle a trouvé un appartement grâce au Samu social. "C'est sûr que ce n'est pas le grand luxe, mais j'ai un toit et je vais pouvoir scolariser mes enfants après les vacances scolaires. Maintenant j'en suis comme tout un chacun à solliciter les aides du conseil général, de la Caf, on est dans une situation où on ne rentre pas dans les cases normales de l'administration", ajoute-t-elle.

Toujours pas d'aides financières. Outre le logement, se pose le problème de l'aide financière. Le 13 septembre, lors de sa visite à Saint-Martin, le président de la République affirmait que les aides d'urgence allaient être débloquées dès le lundi 18 septembre. Pourtant, rien n'a été pour l'heure versé alors que les rescapés doivent s'acheter à manger, trouver des vêtements chauds pour cet hiver. "Monsieur Macron, qu'il se bouge, voilà ! Qu'il se bouge ! On a tout perdu, on n'a aucune source de revenu. Ne nous laissez pas désespérer", demande Schubert, réfugié en France avec ses deux enfants.

Encore des mois d'attente à prévoir. Mais selon les informations d'Europe 1, le Fonds de secours Outremer est encore vide aujourd'hui : l'Etat attend que les associations aient recensé tous les besoins partout en France, avant de verser le moindre centime. Ce qui devrait prendre encore plusieurs mois.