Gilets jaunes - Deux policiers renvoyés en correctionnelle : "C'est n'importe quoi", regrette une victime de violences policières

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Théo Maneval, édité par Antoine Terrel
Victime présumée de violences policières en décembre 2018 à Marseille, Maria dénonce auprès d'Europe 1 le faible nombre de policiers renvoyés en correctionnelle après les enquêtes confiées à l'IGPN. 

Deux policiers renvoyés en correctionnelle et 18 affaires confiées à des juges d'instruction. C'est le bilan communiqué jeudi par le Parquet de Paris sur l'état des 212 enquêtes confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) concernant de potentielles violences policières en marge des manifestations des "gilets jaunes". Alors que 54 cas ont été classés sans suite, soit un quart des dossiers, ces chiffres sont loin d'apaiser la colère des personnes victimes de ces violences, à l'image de Maria. "On ne peut pas se fier aux services de police", regrette-t-elle au micro d'Europe 1. 

"Deux, c'est n'importe quoi", s'indigne-t-elle. "Ça montre qu'ils ont envie de classer les affaires sans suite pour que ce soit vite bâclé". En décembre 2018, la jeune fille de 19 ans dit avoir été violemment frappée par des policiers à Marseille, alors qu'elle rentrait chez elle après sa journée de travail, son trajet l'ayant fait passer par une manifestation de "gilets jaunes".

"L'IGPN ne m'a pas écouté"

Dans une enquête publiée mardi, Mediapart révèle que l'IGPN a activement tenté de couvrir les policiers visés par l'enquête sur les violences subies par Maria. "L'IGPN ne m'a pas écouté", relate-t-elle pour Europe 1. "J'ai fait quatre heures et demi d’audition, ils m'ont beaucoup demandé si c'était un policier (qui l'avait frappé), je leur disais que oui mais ils ne voulaient pas écouter". 

Selon Mediapart, qui publie le document en question, la directrice de l'IGPN a notamment envoyé un mail au chef de la BRI. "Suite à ton audition (...) pourrais-tu me faire parvenir via WhatsApp les photos de tes effectifs prises le jour des faits ? Je me charge de flouter les visages (...) cela permettra de les discriminer formellement au vu de leurs tenues vestimentaires le jour des faits", y écrit-elle.  

"Ce qu'ils n'ont pas compris, c'est qu'ils sont là pour nous protéger", regrette Maria, revenant sur les chiffres publiés par le Parquet. Et d'ajouter : "J'aimerais que les gens retiennent qu'on est sécurité nulle part. On ne peut pas se fier aux services de police. Le jour où ils auront envie de couvrir une affaire, au lieu d'être solidaire envers nous, ils seront solidaire envers eux". "La seule chose que j'aimerais, c'est qu'ils soient punis", conclut la jeune femme.