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Virginie Salmen, édité par R.D. , modifié à
Onze jours après l’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso, à Rouen, l’inquiétude reste grande au sein de la population. Beaucoup ont décidé de faire eux-mêmes des analyses pour voir à quel point ils ont été impactés par les fumées.
ENQUÊTE

L’usine Lubrizol a été détruite par les flammes, il y a onze jours. Pourtant, à Rouen, l’odeur de brûlé persiste. Et la population reste inquiète, d’autant qu’aucune campagne officielle d’analyses n’a été lancée. Il faut dire que la loi ne prévoit aucune obligation de pratiquer, après l’incendie d’une usine classée Seveso, des analyses de sang ou d'urine à grande échelle. En l’absence d’un tel protocole, il n'y a pas eu pour l’heure de tests pratiqués sur les Rouennais à la demande des autorités.

Les seuls qui ont subi des prélèvements sanguins, ce sont les pompiers, parce qu'ils ont été les plus exposés. C'est leur médecine du travail qui a organisé un bilan hépatique, rénal et un examen sanguin. Les soldats du feu devraient en subir un autre d'ici 15 jours et un dernier dans six mois. Les résultats de ces analyses n'ont pas été rendus publics pour l'instant. Seules des analyses des poussières retrouvées sur leurs tenues ont été publiées. Et elles ne révèlent pas de traces d'amiante.

Une association lance sa propre campagne d’analyses

Pourtant, des habitants ont envie de savoir à quel point ils ont pu être impactés par les fumées toxiques. Quelques dizaines d'habitants - au moins - sont allés d'eux-mêmes se faire faire des analyses de sang dans des laboratoires privés. Il faudra patienter pour savoir si les résultats sont probants et quelles substances ils ont fait rechercher précisément.

Et puis il y a une autre initiative. A partir de mardi, l'association Respire lance sa propre campagne de prélèvements : ses 500 adhérents de la région rouennaise sont invités à pratiquer des prises de sang avec une ordonnance précise, mise au point par des experts chimistes. "Il s’agit de mesurer : 1) les dioxines, ces composants cancérigènes qui sont typiques des incendies, 2) les HAP, qui sont des composant qu’on appelle des hydrocarbures, assez toxiques et souvent très cancérigènes", détaille Olivier Blond, le président de l'association. "Et enfin, on va mesurer le plomb dans le sang, au cas où il y aurait une contamination."

Un site pour publier les résultats d’analyses

On pourrait imaginer pousser les investigations sur des échantillons d'urine, mais ça n'apporterait pas grand-chose de plus que le sang. Et pour les analyses sur les cheveux, il faut savoir que les substances mettent beaucoup plus de temps à arriver jusque-là.

L'association Respire va ensuite mettre en place, sans doute dans la semaine, un site internet sur lequel les volontaires qui le souhaiteront pourront publier leurs résultats d'analyses, avec le point GPS de leur domicile. Cela poussera peut-être d'autres rouennais à aller faire, à leur tour, des analyses.