Des milliers de personnes rendent hommage au père Hamel dans sa ville

Quelque 3.500 personnes étaient présentes pour rendre hommage au père Hamel.
Quelque 3.500 personnes étaient présentes pour rendre hommage au père Hamel. © CHARLY TRIBALLEAU / AFP
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avec AFP , modifié à
Quelque 3.500 personnes se sont réunies à Saint-Etienne-du-Rouvray, jeudi, pour rendre un hommage solennel au prêtre assassiné deux jours plus tôt en pleine messe par deux djihadistes.

Plusieurs milliers de personnes ont rendu un hommage solennel jeudi soir au père Jacques Hamel, dans sa commune de Saint-Étienne-du-Rouvray, où le prêtre de 86 ans a été assassiné deux jours plus tôt par un commando djihadiste.

3.500 personnes présentes. Quelque 3.500 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime, ont assisté à l'hommage rendu par la mairie communiste dans un parc de la commune, avant les obsèques religieuses qui auront lieu mardi après-midi à la cathédrale de Rouen, distante d'une dizaine de kilomètres. "L'émotion intense en réaction à cet acte ignoble ne se tarira pas, ni ici, ni au delà", a déclaré le maire de la ville de 29.000 habitants, Hubert Wulfranc (PCF), très ému à la tribune, un vaste podium noir sur lequel était exposé un portrait du prêtre assassiné.

Une cérémonie sous haute surveillance. "Seuls des paroles et des actes de paix au quotidien aideront à la sérénité et à la cohésion des familles d'ici et de partout ailleurs", a-t-il lancé. "Nous sommes au travail, Jacques Hamel, aussi longtemps qu'il le faudra, pour être les derniers à pleurer", a-t-il ajouté, avant d'être longuement applaudi. Le requiem de Mozart, musique pour les défunts, a retenti dans le parc omnisports Youri Gagarine, dont l'accès était très étroitement contrôlé. Au nom de la sécurité, la préfecture a interdit une marche blanche que des citoyens envisageaient d'organiser dans la ville après le rassemblement.

"Ces images ne me quittent pas". Soeur Danielle, qui s'était enfuie de l'église et avait donné l'alerte, a assisté à la cérémonie aux côtés de sœur Huguette et soeur Hélène, toutes trois prises en otage mardi matin. "Ces images ne me quittent pas", a-t-elle déclaré à propos de l'attentat. "J'aurai beaucoup de mal à rentrer à nouveau dans l'église car nous serons toujours face à l'autel où Jacques a été assassiné", a-t-elle ajouté. Dans la foule, Mameri Messaoud, ancien dirigeant harki, s'est fait faire un tee-shirt avec une photo que le père Hamel lui avait donnée. Au dos, il a fait inscrire "Coexiste" avec le croissant musulman, l'étoile de David et la croix chrétienne. "En apprenant la mort de Jacques Hamel, je me sentais un peu chrétien", a-t-il déclaré.

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Le père Jacques, "martyr de la paix, de la foi". L'hommage s'est déroulé à environ 500 mètres du domicile des parents d'Adel K., un des deux assassins, âgé de 19 ans, dont l'acte a été revendiqué par le groupe Etat islamique. Plusieurs représentants religieux étaient présents, dont l'archevêque de Rouen Dominique Lebrun, mais aussi des personnalités politiques comme Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel et ancien élu de la région. "La mort du père Jacques ressemble à celle de Jésus comme la mort de tous les martyrs de la vérité, de la justice, de la paix, de la foi", a lancé devant la foule l'archevêque, avant d'évoquer les liens entre chrétiens et musulmans.

Chrétiens et musulmans : "saurons-nous prendre le chemin de l'amitié ?". "Saurons-nous prendre le chemin de l'amitié ? Nous élever les uns les autres, avoir dans les semaines prochaines des conversations qui élèvent l'âme ?", s'est-il interrogé. "Notre présence est un engagement à servir la société. Nous pouvons avoir des idées différentes, une foi différente, une culture différente. Cela ne doit pas déclencher des guerres", a-t-il dit, comme en écho au Premier ministre Manuel Valls qui a évoqué mardi le spectre d'une "guerre de religion". "Ce qui nous est commun est plus important que ce qui peut nous diviser", a assuré Mgr Lebrun. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé jeudi responsables de mosquées, imams et fidèles, à se rendre dimanche à la messe dans une église proche de chez eux, pour exprimer "solidarité et compassion" après "le lâche assassinat" du prêtre.

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Un "rite pénitentiel de réparation" prévu. L'église Saint-Etienne, où le prêtre a été égorgé, sera rouverte "dans quelques semaines" et un "rite pénitentiel de réparation sera accompli afin de rendre au culte l'église profanée", a annoncé le diocèse de Rouen dans un communiqué. Le prêtre a été tué en célébrant une messe matinale, à laquelle assistaient trois religieuses et un couple de paroissiens, dont le mari a été grièvement blessé à la poitrine. Ce dernier a été réopéré du poumon mercredi et "se porte bien", a indiqué son épouse.