"Ce mouvement pue la haine depuis le début !" : des "gilets jaunes" pris à partie lors de la marche contre l'antisémitisme

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© Boris HORVAT / AFP
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Théo Maneval, édité par Romain David , modifié à
Le rassemblement contre l'antisémitisme a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à Paris mardi, et parmi elles un groupe de "gilets jaunes", largement apostrophés sur les dérapages du mouvement.
REPORTAGE

Quelque 20.000 personnes se sont réunies place de la République à Paris, mardi soir, pour dire "ça suffit" face à la montée de l’antisémitisme. Une poignée de "gilets jaunes" a tenu à se joindre au rassemblement, pour rappeler que le mouvement dans son ensemble ne se reconnait pas dans les actes ou les insultes antisémites qui ont pu être entendus lors des manifestations. Mais dans la foule, leur venue n’a pas été toujours bien reçue.

Un mouvement radicalisé ?  Au milieu des manifestants rassemblés place de la République, Pascal, venu avec sa tunique fluo sur le dos, se fait franchement apostropher à plusieurs reprises. "Ce mouvement pue la haine depuis le début !", lui lâche un homme. "Pourquoi madame Levavasseur se fait sortir de la manifestation avec un cri : sale juive !" ?, relève un autre, en référence à un incident survenu à Paris samedi, en marge de "l'acte 14" de protestation des "gilets jaunes". "Moi, si je vais dans une manif de 'gilets jaunes' et dis que je suis juif, j'en prends plein la gueule", renchérit un troisième.

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Si la présence de "gilets jaunes" au milieu du rassemblement a été mal vécue par certains membres de la communauté juive, Pascal, lui, l'estime nécessaire. "Je veux prouver à tous ces gens que l'on est de humanistes. Que vous soyez juif, arabe ou autre, vous êtes le bienvenu en France", explique-t-il à Europe 1.

Antisémitisme et antisionisme, une fausse distance. Mais s’il se désolidarise des propos antisémites, d’autres "gilets jaunes", comme Majer, choisissent aussi d’assumer les récentes invectives, lancées le week-end dernier au philosophe Alain Finkielkaut. "Il n'y avait rien d'antisémite, c'est plutôt de l'antisionisme. Ce sont deux choses différentes", avance-t-il. Un discours aussitôt interrompu par Martine, une quinquagénaire, pancarte "ça suffit" à la main. "C'est tellement facile de dire 'je ne suis pas antisémite mais par contre je suis pour la destruction de l'Etat d'Israël !'", s'agace-t-elle.

La grande réconciliation souhaitée n'a pas vraiment eu lieu, et à l'issue de ce rassemblement, chacun est reparti de son côté, plein de défiance.