Des milliers de personnes rassemblées à Paris et en France contre l'antisémitisme

Dans la foule, des pancartes "Ça suffit", le mot d'ordre du rassemblement, ou encore "non à la banalisation de la haine".
Dans la foule, des pancartes "Ça suffit", le mot d'ordre du rassemblement, ou encore "non à la banalisation de la haine". © Thomas SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Quelque 20.000 personnes, dont de nombreux responsables politiques, se sont rassemblées mardi soir place de la République à Paris pour marcher contre l'antisémitisme, mais aussi dans 70 villes de France.

Une foule de 20.000 personnes a afflué mardi soir place de la République à Paris pour dire non à l'antisémitisme, à l'appel d'une cinquantaine de partis, associations, et mouvements. La cérémonie démarrée vers 19h30 s'est achevée vers 20h. Elle s'est ouverte sur une intervention du rabbin Delphine Horvilleur.

"Quand l'antisémitisme resurgit, d'où qu'il vienne et quelques noms qu'il porte, quand grandit la haine de l'autre, sous toutes ses formes, il s'agit d'un test pour la nation, le test de sa dignité et de sa grandeur. Parfois la République donne rendez-vous à ses enfants sur une place et elle nous demande : sauras-tu être à la hauteur ?", a-t-elle déclaré. Le chanteur Abd al Malik a conclu en chantant la Marseillaise, la voix étranglée par l'émotion. Entre-temps, plusieurs jeunes ont lu des textes, symbole de la volonté des organisateurs de sensibiliser la jeunesse à la lutte contre l'antisémitisme.

"Ça suffit". Dans la foule, des pancartes "Ça suffit" - le mot d'ordre du rassemblement -, et "non à la banalisation de la haine". Un périmètre de sécurité a été délimité par des barrières au centre de la place noire de monde, où les responsables politiques ont commencé à se presser. "Il fallait aujourd'hui dire ça suffit, dire que tout n'est pas possible, et quand on voit ces actes qui se multiplient, il est temps de réagir ensemble et de la meilleure des manières", a déclaré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, à l'origine de cette mobilisation massive. Face à la recrudescence des actes antisémites (+74% en 2018), Olivier Faure avait lancé la semaine dernière un appel d'abord signé par quatorze partis, rejoints depuis par de nombreuses autres organisations.

Des politiques de tous bords. La maire de Paris Anne Hidalgo (PS), le chef de file de Générations Benoît Hamon, le patron des Républicains Laurent Wauquiez, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, des députés LREM et des représentants de La France insoumise ont été aperçus. Les anciens présidents de la République François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient également présents, ainsi que des "gilets jaunes", notamment Côme Dunis et Frédéric Mestdjian, de la liste "Ralliement d'initiative citoyenne".

Le Premier ministre Édouard Philippe, accompagné de plusieurs membres du gouvernement, a lui pris place au sein d'un périmètre sécurisé, tandis qu'Emmanuel Macron avait fait le choix de se rendre de son côté au Mémorial de la Shoah. La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen s'est elle recueillie à Bagneux devant une plaque en hommage à Ilan Halimi. Elle avait dénoncé dans la journée le fait qu'Olivier Faure ne l'ait pas invitée à signer l'appel.

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Des milliers de personnes ont afflué place de la République, à Paris. ©FRANCOIS GUILLOT / AFP

Un autre rassemblement à Ménilmontant. Par ailleurs, plusieurs centaines de personnes étaient réunies au même moment "contre les actes antisémites et contre leur instrumentalisation", au métro Ménilmontant à Paris. Parmi elles, quelques-unes portaient des gilets jaunes. Simon Assoun, de l'Union juive française pour la paix (UJFP) a condamné "l'instrumentalisation de l'antisémitisme" : "En tant que Juifs, nous refusons d'être utilisés par le pouvoir pour casser un mouvement social comme celui des 'gilets jaunes'". Pour le NPA, Omar Slaouti a expliqué que "nous ne pouvons pas être à République ce soir, car là-bas, il y a ceux qui structurent les inégalités sociales et raciales". Le Parti des indigènes de la République (PIR), Solidarité Palestine, le Comité Adama, devaient également participer à ce rassemblement. 

Toute la France se mobilise. De nombreux autres rassemblements contre l'antisémitisme ont eu lieu mardi soir dans quelque 70 villes de France. A Marseille, environ 1.500 personnes se sont rassemblées dans le calme sur le Vieux-Port, dont Jean-luc Mélenchon, le maire de la ville Jean-Claude Gaudin et quelques "gilets jaunes". Ils étaient aussi un millier à Lille, ainsi que 1.700 à Strasbourg, alors que l'Alsace a été frappée le jour-même par la profanation d'un cimetière juif.

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A Marseille, 1.500 personnes se sont réunies mardi soir. ©BORIS HORVAT / AFP