Démantèlement de la "Jungle" : Cazeneuve ne veut pas procéder comme à Sangatte

Bernard Cazeneuve a appelé les communes à la solidarité pour mettre fin au "drame humanitaire" de Calais, mercredi
Bernard Cazeneuve a appelé les communes à la solidarité pour mettre fin au "drame humanitaire" de Calais, mercredi © LIONEL BONAVENTURE / AFP
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avec AFP , modifié à
"Je ne veux pas (...) que l'on procède à l'éparpillement d'hommes et de femmes en situation précaire sur le territoire national (...)", a assuré le ministre de l'Intérieur, mercredi. 

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a assuré mercredi que le démantèlement de la "Jungle" ne se ferait pas sur le modèle de Sangatte et il a appelé les communes à la solidarité pour accueillir les migrants de Calais.

Ne pas créer "de la détresse". "Je ne veux pas, comme cela a pu se passer il y à quelques années à Sangatte, que l'on procède à l'éparpillement d'hommes et de femmes en situation précaire sur le territoire national, et plus particulièrement sur les côtes septentrionales, sans aucune solution d'hébergement", a-t-il affirmé lors d'un colloque pour les 60 ans d'Adoma (ex-Sonacotra, chargée du logement des travailleurs immigrés mais aussi de l'hébergement des demandeurs d'asile). On aurait alors "la satisfaction d'avoir fait une opération qui ne serait qu'une opération de police", mais qui "n'aurait réglé aucun problème en créant de la détresse là où il y en a déjà beaucoup", a-t-il ajouté.

Pression migratoire. Ouvert en 1999, le centre de Sangatte, près de Calais, avait rapidement été en surcapacité, avec près de 2.000 personnes contre 800 prévues quelques semaines avant sa fermeture en septembre 2002. La pression migratoire est très forte à Calais, point de passage le plus proche vers la Grande-Bretagne depuis le continent européen. En visite à Calais vendredi, Bernard Cazeneuve avait réaffirmé sa volonté de voir le campement de la Lande entièrement démantelé "le plus rapidement possible", mais "avec méthode".

"Une commune sur trois". "Il faudra que sur les territoires de France chacun accepte de prendre un peu de sa part pour que le drame humanitaire à Calais s'arrête", a redit le ministre de l'Intérieur mercredi. Qu'il y ait 7.000 ou 10.000 personnes sur le campement "ne change pas la nature du problème" et il suffirait, en théorie, "qu'une commune sur trois accepte de prendre seulement un migrant pour que dans la solidarité on règle le problème". "Ce n'est pas la méthode que nous avons arrêtée", a-t-il précisé, mais cette illustration arithmétique montre "que c'est à notre portée, que ce n'est pas insurmontable".

"Instrumentalisation politique". Cette opération n'est également possible "que dès lors que l'instrumentalisation du sujet de Calais à des fins politiques (...) cesse", a-t-il martelé, en regrettant "les postures, les peurs provoquées, l'instrumentalisation politique" sur le sujet des étrangers."Lorsque l'Etat s'occupe des étrangers et des demandeurs d'asile l'Etat ne fait jamais bien, ne fait jamais suffisant, et quand ce qu'il fait est convenable c'est qu'il a des arrière-pensées", a-t-il déploré, en répétant que seraient créées d'ici la fin de l'année, "2.000 nouvelles places d'hébergement en Centre d'accueil et d'orientation" (CAO) et "6.000 en centres d'accueil pour demandeurs d'asile" (Cada).