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B.P. , modifié à
Nadia Remadna, éducatrice depuis 25 ans et fondatrice de l'association "La brigade des mères", porte un regard très critique sur la lutte contre la radicalisation. Elle présente vendredi un programme de prévention à la région Ile-de-France.

"Je suis pessimiste. Ce qui s'est passé à Lunel se passe ailleurs et il y a une génération qui arrive avec un retour de la religion musulmane dans les quartiers". Le constat de Nadia Remadna est sans appel. La fondatrice de l’association "La brigade des mères", qui lutte contre la radicalisation, présente vendredi à la région Ile-de-France un programme de prévention de la radicalisation. Parce que, selon elle, tout reste à faire.

La fatalité s'est installée dans les quartiers. "On a l'impression que rien n'a été fait, ça empire. On a de plus en plus de jeunes filles qui se radicalisent et on a des familles entières qui se radicalisent. A un moment, on a enfermé les gens dans leur culture, dans leurs traditions et dans la victimisation", explique celle qui est éducatrice depuis 25 ans, au micro de Raphaëlle Duchemin dans Europe 1 Bonjour. "La fatalité s'est installée dans les quartiers - pas que dans les quartiers sensibles - et il y a eu, je pense, une complicité de certains élus de la République" qui ont laissé "des choses se faire par intérêt électoral", regrette-t-elle.

Son constat est clair : "On a raté une génération". Retourner un jeune radicalisé, "ce n'est pas évident. On a beaucoup parlé de déradicalisation, je n'y crois pas beaucoup car l'idéologie est là, et il y a l'effet de groupe. Dans les quartiers comme Sevran ou ailleurs, tout est fait pour se radicaliser", souligne encore celle qui a été médiatrice scolaire à Sevran pendant 14 ans.

"La France n'est pas un pays musulman". Elle déplore également le manque d'investissement de l'État sur la question. "La France n'est pas un pays musulman, c'est un pays laïc. Ce n'est pas aux imams de mettre en place les valeurs de la République. Et il y a aussi un problème de formation : les gens sur le terrain ne sont pas formés et les grands frères qui ont remplacé notamment les travailleurs sociaux, n'ont comme outil que la religion et la culture du pays d'origine de la personne". 

"Nous avons tous le devoir de protéger cette jeunesse". Pour enrayer la radicalisation, Nadia Remadna va proposer vendredi un programme nommé "Vigie-famille" au siège de la région Ile-de-France, pour mieux cerner cette question de la radicalisation avec des remontées du terrain. "On propose un travail de terrain, d'impliquer les parents, les travailleurs sociaux, la police, les gardiens d'immeuble... Tout le monde est responsable, nous avons tous le devoir de protéger cette jeunesse. On a mis au coeur du problème la famille parce que ce sont les familles qui connaissent le mieux leurs enfants", conclut-elle.