A la prison de Fresnes, un prisonnier a été testé positif au coronavirus, tout comme deux infirmières. 1:58
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Ugo Pascolo
Les prisons sont-elles les grandes oubliées du dispositif anti-coronavirus mis en place depuis plusieurs jours en France ? Oui, affirme au micro d'Europe 1 Emmanuel Baudin, secrétaire national de Force ouvrière pénitentiaire, qui dénonce au micro d'Europe 1 le manque criant de matériel de protection face au Covid-19.
INTERVIEW

"On a été oublié !" Au micro d'Europe 1 ce lundi, le secrétaire national Force ouvrière pénitentiaire Emmanuel Baudin ne cache pas son dépit. En pleine pandémie de coronavirus, et alors que des mesures ont été prises dans de très nombreux secteurs de la société pour limiter au maximum la propagation du Covid-19, il dénonce un manque de matériel criant dans les prisons. 

"On utilise des vieux masques"

D'après le représentant du syndicat majoritaire dans le milieu carcéral, l'État n'avait pas prévu "de masques, ni de gel hydroalcoolique pour les personnels pénitentiaires". Même si une commande de "11 millions de masques" a depuis été passée en urgence après avoir tapé du poing sur la table, "ils ne sont toujours pas arrivés, et le gel non plus", explique le syndicaliste. Du coup, les gardiens de prison improvisent : "On a encore de la réserve du matériel donné lors du H5N1 [la grippe aviaire, ndlr], donc on utilise des vieux masques." Mais malgré ce système-D, "les gardiens de prison sont sans matériel".

Des mesures fluctuantes d'un établissement à l'autre

Alors que les prisons françaises voient déjà apparaître des cas de coronavirus, notamment à la prison de Fresnes, où un détenu est hospitalisé et au moins deux infirmières ont été testées positives, le syndicaliste déplore que "les choses n'avancent pas assez vite". Malgré trois notes de la direction de l'administration pénitentiaire (DAP), il dénonce une "disparité des mesures mises en place dans les différents établissements" du territoire : "Certains chefs [d'établissement, ndlr] essayent de limiter au maximum les mouvements et de réduire le nombre de personnes dans les parloirs, alors que d'autres ne prennent aucune mesure."

Une situation qui lui fait espérer l'annonce rapide d'un "confinement général" de la part d'Emmanuel Macron, afin de mettre "les prisons sous cloche". Ce dernier prenant la parole devant les Français pour une deuxième allocution ce lundi soir à 20 heures, peut-être qu'Emmanuel Baudin sera entendu par le chef de l'État.