Environ 70.000 détenus peuplent les prisons françaises. 3:13
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Antoine Cuny-Le Callet
La propagation du coronavirus inquiète les quelque 42.000 surveillants et 70.000 détenus qui peuplent les prisons en France. Emmanuel Baudin, secrétaire général de Force ouvrière pénitentiaire, estime sur Europe 1 qu'une politique d'isolement des détenus devait être mise en place.

Dans les prisons françaises, l'inquiétude monte au sujet de l'épidémie de coronavirus. Selon les chiffres officiels, 471 détenus ont été placés en isolement sanitaire. Jeudi, les surveillants déploraient leur premier mort, un gardien du centre pénitentiaire d’Orléans. Invité d'Europe 1 dimanche, le secrétaire général de Force ouvrière pénitentiaire, Emmanuel Baudin, a dressé un état des lieux de la situation en milieu carcéral. "Il faut que l'on tende, dans nos prisons, à une gestion à l'isolement des détenus pour éviter que la maladie se propage" a-t-il déclaré.

Vendredi, son syndicat a saisi le Conseil d'Etat en référé liberté pour "mise en danger de la vie d'autrui". Il protestait en premier lieu contre le manque d'équipement du personnel, et notamment l'absence de masques. "Dès samedi matin, les personnels avaient tous un masque pour pouvoir aller en détention", affirme-t-il, nuançant immédiatement : "Il n'y a qu'un secteur où les masques n'ont pas été distribués : l'Outre-mer. Ils n'ont toujours pas de moyens de protection."

Gestion des détention

Malgré cette réaction rapide de l'administration, Emmanuel Baudin affirme qu'il va poursuivre sa démarche auprès du Conseil d'Etat afin de soulever le problème de la "gestion des détentions". Il en appelle à un isolement des détenus, sur le modèle de ce qui est actuellement préconisé dans les Ehpad.

La situation dans les différents établissements pénitentiaires semble pourtant insoluble. Les maisons d'arrêt en France sont notoirement connues pour leur surpopulation : plusieurs détenus par cellules et des matelas à même le sol. Quant aux autres établissements, non-concernés par la surpopulation, la relative mobilité des détenus qui disposent de la clé de leur cellule laisse craindre une propagation rapide. "On va demander au Conseil d'Etat une gestion 'portes fermées' partout, pour éviter le rassemblement des détenus à plusieurs."

Dénonçant l'inaction des autorités, Emmanuel Baudin rappelle que cette demande est formulée depuis plus de trois semaines : "On demandait une mise sous cloche des établissements pénitentiaires depuis le 7 mars. Si on nous avait écouté, on aurait limité grandement les risques vers lesquels on tend dans les jours à venir."