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Mélanie Nunes et R.Da.
Épuisés par une sur-mobilisation qui dure depuis les attaques de novembre 2015, de nombreux membres des forces de l'ordre souffrent de dépression sévère.

Alors qu’une nouvelle manifestation contre la loi Travail a lieu mardi, les forces de l’ordre sont de plus en plus mobilisées. Euro, attentats, manifestations, état d’urgence… beaucoup de policiers et gendarmes sont aujourd’hui déprimés. Un établissement de santé, le château du Courbat, dans l’Indre-et-Loire, reçoit les forces de l’ordre fatiguées.

Burn-out. C’est un lieu coupé du monde. Un grand parc et de vastes étangs entourent une bâtisse où policiers et gendarmes sont soignés pour burn-out, c'est-à-dire pour dépression sévère. La plupart sont traités pour alcoolisme, la seule issue qu’ils ait trouvé avant le centre. Fabrice, policier depuis 17 ans, y séjourne pour la première fois : "Il y a l’Euro de football, après il va y avoir le Tour de France, on reste en état d’urgence, le risque d’attentat est toujours présent… L’année dernière, on a fait le 14 juillet, le lendemain on partait en renfort saisonnier plusieurs semaines, c'était très difficile. J’ai craqué à l’issue de ça. Mes problèmes d’alcool se sont accentués, et un moment donné on ne s’en sort plus", confie-t-il.

Entre les applaudissements et la haine. Pascal, 22 ans de métier, est pensionnaire depuis quelques semaines. Aujourd'hui, il pose un regard terrible sur sa profession, évoquant deux images : l'assassinat de ses collègues de Magnanville et les applaudissements après l'attentat à Charlie Hebdo. "Vous êtes les meilleurs, les plus beaux, et puis il y a le côté répressif […]. On fait rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat, et on n’est pas reconnu dans notre manière de faire. On en arrive à travailler 240 heures de suite."

50 lits sont actuellement occupés, mais le centre peut recevoir jusqu'à 70 personnes. Pour repartir sur le terrain avec la fierté retrouvée de l'uniforme, ces policiers, blessés à l'âme, passent ici entre 15 jours et deux mois.