Cannabis : près d'un jeune sur deux a déjà fumé, selon l'Ifop

Le cannabis se banalise de plus en plus au sein de la jeunesse.
Le cannabis se banalise de plus en plus au sein de la jeunesse. © JAN WOITAS / DPA / AFP
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Virginie Riva et Stéphane Burgatt, édité par Ugo Pascolo , modifié à
D'après une étude Ifop pour High Society, plus de 47% des 15/24 ans ont déjà fumé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Un chiffre qui a presque doublé en 20 ans et qui trahit la banalisation du cannabis dans tout le tissu social de la jeunesse du pays. Au point que certains consommateurs rencontrés par Europe 1 ne voient même plus le problème de consommer. 

La consommation de cannabis se banalise chez les 15/24 ans. C'est en tout cas l'un des enseignements d'un sondage Ifop pour High Society réalisé auprès de 1.205 jeunes. D'après l'institut de sondage, plus de 47% des 15/24 ans ont déjà consommé au moins une fois du cannabis dans leur vie, contre 25% en 2001. Un chiffre qui a donc quasiment doublé en 20 ans. Que ce soit en soirée, au travail, chez soi, ou même avant un rapport sexuel (quitte à le regretter pour une femme sur quatre), le cannabis s'est inséré en quelques années dans tout le tissu social de la jeunesse.

"C'est assez commun"

À Marseille, Théo fume régulièrement depuis l'âge de 15 ans "en soirée entre amis. Il y a du cannabis pour se détendre c'est tout, c'est assez commun. On en trouve facilement", confirme-t-il au micro d'Europe 1. Dans les fêtes, comme à la sortie des cours, le cannabis fait très clairement partie du décor pour ce groupe de lycéens qui a souhaité rester anonyme : "ça se voit et ça se sent ; on sent l'odeur à la sortie du lycée, ça devient banal. En soirée c’est pareil, s'il n'y a pas de quoi fumer on ne vient pas parce que c'est nul." Pour eux, "un joint c'est aussi banal qu'un pack de bière".

Au point que certains comme Nicolas ne voient même plus où est le problème : "il y en a plein qui fument, ce n'est pas parce qu'on fume un joint, il ne faut pas s'affoler… Ce n'est pas ultra grave, c'est juste un joint, c'est comme de l'alcool". Plus inquiétant, cette population échappe totalement au radar des addictologues comme Nicolas Simon de l’hôpital de la Timone à Marseille : "Malheureusement les jeunes consultent assez peu sur le cannabis pour se renseigner sur les risques qu'ils peuvent prendre. En général les patients qui viennent consulter sont ceux qui ont des problèmes d'addictions depuis un certain nombre d'années."

La France, pays où les jeunes consomment le plus

Pour ce spécialiste, "la difficulté, c'est de rencontrer ces jeunes pour leur donner une information. Il y a beaucoup de choses qui se disent sur les réseaux sociaux et les professionnels de santé que nous sommes ont assez peu l'occasion de délivrer des informations aux jeunes. Que ça soit sur le cannabis, mais aussi les autres substances."

Comment expliquer alors cette banalisation qui a mené la France à devenir le premier pays en termes de consommation de cannabis chez les 15/24 ans ? Le docteur Amine Benyamina, président de la Fédération française d'addictologie, avance comme premier élément de réponse que "l'offre est très importante". Et d'ajouter au micro d'Europe 1 : "On a quand même un système prohibitif, et la prohibition est un moteur de l'offre. Ensuite, la France est un couloir avec le Nord de l'Afrique, mais aussi le Sud et l'Atlantique. Sans oublier l'offre provenant de Hollande."

Les jeunes plus à risque de développer des maladies 

Cette banalisation est d'autant plus dangereuse que les jeunes sont plus à risque de développer des maladies psychiatriques, d'autres addictions, ou encore de s'isoler socialement à cause du cannabis. Des risques pas assez connus, pointe le docteur. Mais l'étude de l'Ifop révèle toutefois que lorsqu'ils le sont, grâce aux campagnes de prévention, un tiers des sondés déclarent avoir stoppé ou diminué leur consommation. Par ailleurs, enseignement surprenant, ils ne sont que 35% à vouloir la légalisation du cannabis.