Attentat de Nice : l'Etat islamique revendique l'attaque

Attentat Nice Bouhlel
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B.P. avec C.C. , modifié à
Alors que le pays entame un deuil national de trois jours après l'attentat, l'Etat islamique a revendiqué, samedi matin, l'attaque ayant fait au moins 84 morts. 

Deux jours après l'attentat meurtrier sur la Promenade des Anglais à Nice, l'Etat islamique a revendiqué dans un communiqué, samedi matin, l'acte d'un "soldat". Jeudi soir, un Tunisien de 31 ans au volant d'un 19 tonnes a foncé à vive allure dans la foule, quelques minutes après la fin du feu d'artifice, faisant au moins 84 morts. Outre les drapeaux en berne sur les édifices publics, une minute de silence sera observée lundi, à 12 heures, dans tout le pays. Pendant ce temps, les recueillements se poursuivent à Nice, tout comme l'enquête. Et de nombreuses familles continuent désespérément d'obtenir des informations concernant leurs proches toujours disparus. 

Les principales informations à retenir

  • L'Etat islamique a revendiqué l'attaque via son agence de presse
  • La France entame trois jours de deuil national
  • Cinq personnes ont été interpellées tôt samedi matin à Nice
  • Parmi les victimes, seize corps encore non identifiés

Daesh revendique l'attaque. Dans un communiqué diffusé par la radio de l'EI, Al-Bayan, le groupe Etat islamique fait savoir que "l'auteur de l'opération (...) menée à Nice en France est un soldat de l'Etat islamique. Il a exécuté l'opération en réponse aux appels lancés pour prendre pour cible les ressortissants des pays de la coalition qui combat l'EI". L'organisation djihadiste se targue d'un "nouveau" mode opératoire utilisé par "un soldat de l'EI" pour commettre cette tuerie, menée à l'aide d'un poids lourd ayant foncé sur la foule. 

"Il semble" que l'auteur de l'attentat de Nice se soit "radicalisé très rapidement", a déclaré samedi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, évoquant "un attentat d'un type nouveau" qui "montre l'extrême difficulté de la lutte antiterroriste".

Deuil national. François Hollande a décrété un deuil national de trois jours à compter de samedi. Une minute de silence sera observée lundi à 12 heures dans toute la France en hommage aux victimes, a-t-il annoncé vendredi en même temps que la prolongation de trois mois de l'état d'urgence. Partout en France, les manifestations de solidarité se poursuivent. Le président a aussi lancé, samedi, un appel à la "cohésion" et à "l'unité" nationale, lors d'une réunion ministérielle convoquée à l'Elysée. Bernard Cazeneuve a, quant à lui, a appelé samedi soir "tous les citoyens patriotes qui le souhaitent" à rejoindre la réserve opérationnelle.

 

Cinq personnes interpellées. Tôt samedi matin, quatre personnes ont été interpellées à Nice dans le cadre de l'enquête en cours, après son ex-femme, vendredi. Deux opérations ont eu lieu dans la ville. Dans le centre de Nice, à proximité de la gare SNCF, deux hommes, des connaissances du tueur, ont été arrêtés à la même adresse. Une troisième personne a également été interpellée à une autre adresse de Nice en début de matinée. Près de la gare, une dizaine de policiers s'intéressaient aussi à une Renault grise. Les auditions de ces personnes "sembleraient aller dans le sens d'un basculement récent vers l'islam radical", mais le groupe Etat islamique "n'est pas à ce stade mentionné", précise une source policière.

Seize corps encore non identifiés et 26 personnes encore en réanimation. Seize corps demeuraient "encore non identifiés" samedi midi, a précisé devant la presse Stéphanie Simpson, porte-parole de la Fondation Lenval, l'hôpital des enfants de Nice. Ce établissement, qui a accueilli trente enfants le soir du drame, a par ailleurs indiqué que "cinq enfants se trouvent encore dans un état critique, un enfant est stabilisé, et trois sont sous respiration artificielle".

Le ministère de la Santé indique dans un communiqué publié à 17h14 que 303 patients ont été pris en charge dans les différents hôpitaux de Nice et des villes voisines. Une centaine d'entre eux s'est présentée depuis vendredi midi. 121 personnes sont toujours hospitalisées, dont 30 enfants. 26 personnes sont encore en réanimation, dont cinq enfants. 300 personnes ont été reçues par les cellules de soutien psychologique.

Timothée, Yannis, Fatima, Sean, victimes de l'attentat. Grâce notamment au travail réalisé par l'Agence France Presse (AFP), les premiers portraits de ces dizaines de vies fauchées, jeudi soir, sur la Promenade des Anglais, commencent à s'esquisser. Comme celle de Timothée, mort en héros après avoir sauvé sa femme enceinte de sept mois, ou de Yannis, un enfant fauché pendant qu'il jouait. Un homonyme du tueur, est quand à lui menacé de mort. Les insultes sont d'une telle virulence, qu'actuellement en vacances en Tunisie, le jeune homme a décidé de décaler son retour en France. 

Le tueur "buvaient de l'alcool et mangeait du porc". Discret, lunatique, capable d’être sympathique un jour et désagréable le lendemain. Voilà comment les anciens voisins du tueur de Nice définissent Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, auteur de l'attentat. "Il n’avait rien à voir avec la religion. Il avait des parents, certes musulmans, mais lui il l’était pas du tout. Je dirais plus qu’il était athée. Il mangeait du porc, il buvait beaucoup. C’était un coureur de jupons qui n’avait aucun respect pour sa belle-famille ni sa femme", décrit notamment une ancienne voisine.

"La vie continue". A Nice, après l'attentat qui a fait au moins 84 morts, les habitants tentent de continuer à vivre normalement. Vendredi, beaucoup étaient déjà dehors, dans les rues ou sur la plage. Et si plusieurs kilomètres de plage, en contre-bas du lieu de l'attentat, étaient totalement vide, les Niçois étaient bien présents partout ailleurs. "Ça fait du bien de se retrouver face à la mer et de penser à autre chose. En plus elle est belle", témoigne l'un d'entre eux sur Europe 1.

La saison touristique s'annonce "difficile". Réunis à Nice vendredi lors d’un comité d’urgence, les hôteliers craignent les effets d'une saison qui se présente déjà très mal. "On va vivre un été difficile, mais il y aura aussi un automne difficile et un hiver compliqué parce que nous n'avons pas le même taux de fréquentation qu'en région parisienne en hiver", prévient Denis Cippolini, le président des hôteliers de Nice alors que la saison avait bien commencé avec l'Euro de foot. 

L'hommage des Vieilles Charrues. C'était un vendredi particulier aux Vieilles Charrues : comment continuer à s'amuser alors que la France a été frappée la veille par un attentat meurtrier. La réponse en sobriété, comme l'a raconté notre envoyé spécial avec le concert de Michel Polnareff.