Agression d'un couple à Créteil en décembre 2014 : le parquet demande le rétablissement du caractère antisémite

Pour le parquet de Créteil, l'agression avait bien un caractère antisémite.
Pour le parquet de Créteil, l'agression avait bien un caractère antisémite. © JACQUES DEMARTHON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le couple avait été agressé dans son appartement par trois individus. La jeune femme avait été violée.

Le parquet de Créteil, dans le Val-de-Marne, a annoncé vendredi avoir demandé le rétablissement du caractère antisémite de l'agression très médiatisée d'un couple à Créteil en 2014, alors que le juge d'instruction avait abandonné cette qualification au terme de son enquête.

Une nouvelle lecture du dossier. "Le parquet estime après relecture du dossier que les faits sont constitués. Les insultes proférées permettent d'estimer que les victimes ont été ciblées à cause de leur confession", a expliqué le ministère public, confirmant une information du journal Le Parisien. Le parquet revient ainsi à la lecture initiale du dossier dans ce fait divers.

Une agression devenue symbole. Le 1er décembre 2014, un couple de confession juive avait été séquestré à Créteil, en banlieue parisienne. La jeune femme avait été violée et l'appartement cambriolé par trois hommes. Au cours de l'agression, les malfaiteurs avaient tenu des propos suggérant qu'ils "partaient de l'idée qu'être juif signifiait que l'on avait de l'argent", avait alors rapporté une source proche de l'enquête. L'agression avait provoqué l'émoi en France et avait poussé le gouvernement à ériger la lutte contre le racisme et l'antisémitisme en "cause nationale", en lançant un plan de sensibilisation de 100 millions d'euros.

Le caractère antisémite finalement abandonné. Quatre hommes, les trois agresseurs et un complice soupçonné d'avoir repéré les lieux, avaient initialement été mis en examen. Certains d'entre eux sont également poursuivis pour l'agression un mois plus tôt d'un septuagénaire de confession juive, toujours à Créteil. Leur mise en examen les mettait notamment en cause pour "violences en raison de l'appartenance religieuse". Mais au terme de l'enquête, le juge d'instruction chargé de l'affaire avait procédé en février à une mise en examen rectificative des quatre hommes, dans laquelle il abandonnait le caractère antisémite des faits.

Au juge d'instruction de trancher. Dans cette affaire, la défense dénonce depuis le départ une "instrumentalisation politique" du dossier, qui ne tiendrait pas au niveau judiciaire, tandis que les avocats des victimes estiment que l'antisémitisme est "essentiel" pour comprendre l'agression. Maintenant que les réquisitions du parquet sont prises, le dernier mot revient au juge d'instruction. C'est lui qui décidera des charges à retenir contre les quatre accusés lors de leur futur procès.