Affaire Grégory : ces nouveaux éléments qui font avancer l'enquête

Les enquêteurs sont désormais convaincus que le meurtre de Grégory est l'oeuvre de plusieurs personnes.
Les enquêteurs sont désormais convaincus que le meurtre de Grégory est l'oeuvre de plusieurs personnes. © AFP/Montage Europe 1
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De nouvelles analyses ont permis l'identification de deux des "corbeaux" et poussent les enquêteurs à penser que "plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime".

Des résultats "de nature à nous faire avancer sur le chemin de la vérité". C'est ainsi que le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc, décrit les récentes avancées de l'affaire Grégory Villemin. Plus de trente deux-ans après la mort du garçon de quatre ans, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne en 1984, trois membres de la famille de son père se trouvaient en garde à vue, jeudi après-midi (la tante de Grégory a été libérée dans la soirée). Car les enquêteurs, qui pensent avoir identifié deux des "corbeaux", qui ont harcelé les parents de la victime pendant des années, en sont désormais convaincus : "plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime".

Une lettre rédigée par la grande-tante de Grégory. Ces résultats ont été obtenus grâce à l'examen des différents courriers confiés aux enquêteurs, réalisé selon de nouvelles techniques. "Antérieurement au crime lui-même, et notamment au cours de l'année 1983, des lettres anonymes, particulièrement menaçantes, avaient été adressées aux membres de la famille Villemin", a rappelé Jean-Jacques Bosc. Deux d'entre elles étaient typographiées, une troisième manuscrite. Et une récente analyse de cette missive s'est avérée "confondante" à l'égard de Jacqueline Jacob, une tante du père de Grégory.

Les mêmes analyses n'ont rien donné pour la lettre de revendication du crime, adressée aux époux Villemin le jour du meurtre de leur fils. "Mais on peut observer une similitude importante dans l'emploi des termes", entre celle-ci et le courrier écrit par Jacqueline Jacob, selon le procureur général. Le terme de "chef", employé pour désigner Jean-Marie Villemin, contremaître dont le succès avait pu susciter la jalousie au sein de sa famille, revient par exemple dans les deux textes.

Des vérifications quant aux appels téléphoniques. Ces soupçons expliquent la présence de Jacqueline Jacob parmi les trois gardés à vue. Son époux, Marcel, est entendu sous le même régime. "On se souvient que le corbeau s'est également exprimé par le biais de centaines d'appels téléphoniques émanant d'une femme, mais aussi d'un homme : des vérifications doivent se faire", a répondu Jean-Jacques Bosc, interrogé sur ce point.

Une autre lettre anonyme a permis d'étayer le travail des enquêteurs. Envoyée en 1989 au juge Simon, alors en charge des investigations, elle menaçait le magistrat, sur le point d'abandonner les charges pesant contre la mère de Grégory, un temps soupçonnée d'avoir tué son fils. Un courrier qui "avait pour objet d'influer sur le cours de l'enquête" et pointait du doigt les époux Villemin, selon le procureur général. L'analyse de cette lettre "implique comme pouvant en être l'auteur" Monique Jacob, épouse Villemin, soeur de Jacqueline et grand-mère de Grégory. Son état ne permettant pas de l'entendre sous le régime de la garde à vue, celle-ci a été auditionnée comme témoin aux côtés de son mari, mercredi.

Des suspects murés dans le silence. Et maintenant ? Les gardés à vue, chez qui des perquisitions ont été menées et qui "usent de leur droit au silence", selon Jean-Jacques Bosc, doivent être interrogés jusqu'à vendredi matin avant qu'un magistrat instructeur ne prenne une décision les concernant. Aux côtés des époux Jacob se trouve Ginette Villemin (remise en liberté jeudi en fin d'après-midi), veuve du frère de Jean-Marie, Michel. Ce dernier était proche de Bernard Laroche, un temps soupçonné du crime, puis blanchi. La piste d'une implication des deux hommes est-elle à nouveau envisagée par les enquêteurs ? Il est trop tôt pour le dire.  

L'analyse criminelle par ordinateur, réalisée grâce au logiciel AnaCrim, a en outre permis d'affiner la suite des investigations pour les enquêteurs. "Il apparaît que dans les jours précédent le passage à l'acte, des repérages de différents lieux ont été realisés, par un homme qui portait une moustache et qui était parfois accompagné d'une femme", a indiqué Jean-Jacques Bosc. L'enquête s'oriente donc désormais "vers une vérification des emplois du temps de tous les protagonistes de l'affaire", pour tenter d'identifier ces éclaireurs. Une étape supplémentaire dans une affaire "très compliquée", de l'aveu même du procureur général. "Je ne suis pas venu ici pour vous dire que j'ai résolu l'affaire Villemin et que je sais qui est l'auteur. Je ne le sais pas."