A Saint-Etienne-du-Rouvray, une association tentait de lutter contre la radicalisation

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Ariane Lavrilleux avec A.H. , modifié à
Avec ses menus moyens, la communauté musulmane de Saint-Etienne-du-Rouvray bataille depuis 18 mois contre la radicalisation des jeunes.

"Qu'aurait-on pu faire pour arrêter Adel K. ?" Cette question revient sans cesse dans l'esprit des habitants de Saint-Etienne-du-Rouvray, depuis l'attentat, mardi. 

Trop tard pour Adel K. Pourtant, des actions fortes avaient été entreprises par la communauté musulmane. Un mois après l’attentat à Charlie Hebdo, en janvier 2015, le responsable de la mosquée de la commune normande avait créé une association, "Pass 276", pour repérer et surtout "resocialiser" ceux qui se radicalisaient. Mais à l’époque, c’était déjà presque trop tard pour Adel K., le meurtrier du Père Hamel, qui se préparait déjà à partir en Syrie.

 

Un manque de moyens. Si l'initiative est salvatrice, son parcours a pourtant été semé d’embûches. Surtout, l'association manque cruellement de fonds. "On a demandé une subvention à la préfecture et malheureusement on n’en a pas eu", atteste Mohamed Karabila, le trésorier de "Pass 276". "Dans un premier temps, on avait collecté l’argent entre nous", explique-t-il. "Mais malheureusement, une fois qu’on a épuisé nos fonds... Aujourd’hui, on peut dire que l'association est en stand-by".

Cinq jeunes repérés. En 18 mois, l’association a quand même repéré cinq jeunes dans le département de la Seine-Maritime. Elle les a accompagnés, leur a offert du soutien scolaire. Pourtant, beaucoup échappent encore à sa vigilance. "Il va falloir porter la vigilance sur des lieux que nous n’utilisons pas maintenant", suggère Abdellatif Hmito, l’imam de Oissel, commune voisine de Saint-Etienne-du-Rouvray. "Il faudra peut-être que des gens comme moi descendent un peu plus vers la jeunesse, susciter des débats, des discussions, et désamorcer les discours qui peuvent mener à de tels extrêmes".