Ostréiculteur 1:40
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François Coulon, édité par Mathilde Durand
A l'approche des fêtes de fin d'année, les ostréiculteurs sont inquiets. Ils jouent sur ces quelques semaines leur chiffre d'affaires de l'année et manquent de main d'oeuvre. Sur l'île de Noirmoutier, certains salariés viennent de loin. D'autres s'engagent pour la saison mais abandonnent au bout de quelques jours. 
REPORTAGE

Les ostréiculteurs lancent un SOS à l'approche du grand rush de la fin d'année. C'est durant cette période qu'ils réalisent le plus gros de leur chiffre d'affaires mais les producteurs d'huîtres de l'Ouest ont de plus en plus de difficultés à recruter des saisonniers pour un travail physiquement difficile mais pourtant économiquement capital : la récolte des huîtres et leur mise en bourriche avant expédition. Ils doivent parfois embaucher, temporairement, des salariés venus de très loin y compris de Hongrie. C'est le cas sur l'île de Noirmoutier où s'est rendu Europe 1. 

L’enjeu est colossal. En trois semaines, c’est 60% du chiffre d'affaires de l’année qui est dans la balance. Marie-Emmanuelle Sorbier n’est pas encore certaine de pouvoir compter sur la totalité de l’effectif requis pour récolter, calibrer et emballer des centaines de tonnes d’huîtres. "Lundi 16 décembre, tous les postes doivent être occupés et c’est parti pour dix jours non-stop. On doit être 55 personnes à travailler" explique-t-elle.

"Personne ne se présente"

Pour l'instant, seule une dizaine de personnes sont là, venues de Hongrie. "Les jeunes Français tentent mais ne cherchent pas à persévérer. On cherche des marins, notamment mais il n’y en a plus. On met des annonces sur Pôle emploi, on n’arrête pas de les renouveler mais personne ne se présente", se désole-t-elle. "C’est jamais gagné, parce que même quand ils sont là ça ne leur plaît pas, parce que certains découvrent le métier. Mais quand on s’engage pour une saison, normalement on doit continuer."

Les employés sont payés 1.600 euros net par mois pour un labeur exigeant. "Physiquement c’est difficile : il fait froid, on porte des charges jusqu’à 20 kilos, on a tout le temps les mains mouillées", explique Tiffany 22 ans. "On a les nerfs un peu à vif parfois, c’est pas facile tous les jours. On voit beaucoup de gens défiler qui font un jour ou deux puis qui repartent." Sur l'île, il y a peu de chômeurs et peu de logements disponibles. De quoi corser un peu plus le tableau à l'approche des fêtes.