A Bordeaux, un centre veut lutter contre la radicalisation

La prise en charge est adaptée à chaque profil. On pourra expliquer à certains quels sont les bases du Coran. (Illustration)
La prise en charge est adaptée à chaque profil. On pourra expliquer à certains quels sont les bases du Coran. (Illustration) © NARINDER NANU / AFP
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avec Stéphane Place , modifié à
Ce centre a été officiellement présenté samedi. Il est chargé de repérer et de prendre en charge les personnes en voie de radicalisation. 

Un Centre d'action et de prévention contre la radicalisation des individus (Capri) a été officiellement lancé samedi à Bordeaux. Ce centre, ouvert depuis l'automne, est chargé de repérer et prendre en charge les personnes en voie de radicalisation islamiste. Fait inédit : le centre fait à la fois appel à des experts psychologues et à des représentants religieux. L'objectif de ce centre est de diffuser un contre-discours pour déconstruire les argumentaires radicaux et les théories du complot, mais aussi de former les acteurs sociaux sur les signes de radicalisation et d'assurer une prise en charge psychosociale. 

A l'origine de la création du Capri, la réunion de la Fédération musulmane de la Gironde, la mairie de Bordeaux et la Société de recherche et d'analyse en emprise mentale (Sfraem).

Différents profils. "Nous avons identifié en Gironde un nombre de profils types. Il y a des gens qui ont des troubles psychiatriques, c’est une minorité. On trouve aussi ceux qui sous emprise mentale, plutôt des jeunes filles converties, explique Marik Fetouh, secrétaire général du Capri, également adjoint au maire de Bordeaux, au micro d'Europe 1. Il y a aussi des jeunes d’origine arabo-musulmanes qui font le choix, en groupe de copains, de partir faire le djihad en se disant, 'voila je suis discriminé en France, je n’ai pas de travail, donc je vais aller dans un Etat qui va me donner une place, où je pourrai vivre un islamisme plus pur'." "Il y a aussi des problèmes familiaux qui s’incarnent à la perte de l’adolescence dans une revendication qui peut être très identitaire, voire radicale. L’idée, c’est de pouvoir régler les causes du problème."

Réactiver le lien affectif. La prise en charge est adaptée à chaque profil, détaille Marik Fetouh : "La jeune fille sous emprise mentale sera plutôt candidate à une prise en charge de type psychologique. Et c’est en réactivant le lien affectif entre les familles et l’enfant qu’on pourra la sortir de cette emprise." "Pour les jeunes hommes qui sont dans une démarche un peu plus revendicatrice, on pourra leur proposer une prise en charge de type action sociale, ajoute Marik Fetouh. Mais aussi de type théologique, pour leur expliquer ce que sont les notions de base du Coran."

Priorité nationale. Pour Patrick Kanner, le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, en visite à Bordeaux, "la prévention de la radicalisation doit être une priorité nationale". Selon lui "chacun des 1.200 jeunes qui a fait l'objet d'un signalement doit être accompagné" en lui fournissant "une réponse personnalisée".

Un site internet, radicalisation.fr, permet d'effectuer un signalement et un numéro de téléphone (09 83 59 17 11) fournit une écoute aux familles. La prise en charge des personnes est confidentielle et gratuite.