Vers la fin des notes à l'école primaire ?

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avec Walid Berrissoul et Noémie Schulz , modifié à
Vingt personnalités ont signé un appel qui dénonce une obsession du classement.

L'écrivain Daniel Pennac, le pédopsychiatre Marcel Ruffo ou encore le patron de Sciences-po Richard Descoings veulent en finir avec les notes à l’école primaire. Avec dix-sept autres personnalités, ils ont signé l’appel lancé par l’Association de la fondation étudiante pour la ville publié dans le Nouvel Observateur jeudi, réclamant la fin de la notation.

"Si tu as révisé, tu as une bonne note"

Ces intellectuels et spécialistes divers dénoncent une obsession du classement qui stigmatise les élèves et les enferme dans une spirale d'échec. "La culture de la note est encore très présente dans l'école française, historiquement tournée vers la sélection. Si ce modèle répondait aux exigences d'un système élitiste avant la massification scolaire, il apparaît aujourd'hui en total décalage avec l'objectif d'élévation globale du niveau d'étude", jugent les rédacteurs de cet appel.

Mais pour Léa, élève en CM2, l’idée de supprimer les notes est bien saugrenue. Montrer ses notes à sa mère est pour elle une règle d’or, même quand elles sont mauvaises, mais surtout quand elles sont bonnes. "Ca fait quand même 5 ans qu'on a des notes. De toute façon, si tu as révisé, tu as une bonne note", estime la petite fille.

"Les notes sont cruelles"

Côté parents, la notation est généralement acceptée. Mais certains dénoncent la mise en compétition des enfants. "D'abord je ne suis pas sûre qu'ils comprennent ce que ça veut dire", confie une maman d’élève de primaire.

"Cela met un élitisme parmi les enfants, ce qui n’a pas de sens, parce qu’entre six et dix ans les enfants changent beaucoup. Des gosses peuvent ne pas être matures à neuf ans et être tout de même sanctionnés par des notes", ajoute-t-elle. "Les notes sont cruelles", confie une autre maman, qui avoue, tout de même, qu’elle connaît par coeur toutes les notes de son fils d'à peine 8 ans.

La Finlande pour modèle

En Finlande, pays en tête des classements internationaux en matière d'éducation, les élèves sont évalués pour la première fois à neuf ans de façon non chiffrée et commencent à être notés seulement à partir de 11 ans. "Nous appelons à supprimer la notation à l'école élémentaire, qui doit devenir l'école de la coopération et non de la compétition", conclut l'appel.

La note, utile pour avoir des repères

Luc Chatel, le ministre de l'Education, a réagi jeudi à cet appel. "Il ne faut pas voir la note uniquement comme l'échec, le rejet, la sanction. La note c'est aussi l'évaluation d'un travail. Ca peut être pour l'élève un objectif et un projet de progression. La note, elle est utile pour avoir des repères, mesurer la progression des élèves", a-t-il expliqué sur Europe 1.

Le ministre a par ailleurs rappelé qu'une loi votée en 2005 instaure une approche par compétence. "Les enseignants décident si les compétences sont acquises ou non. C'est une évolution considérable" , a-t-il indiqué. Pas question donc de supprimer les bulletins de notes.