Un mari empoisonneur jugé dans l’Yonne

Le viticulteur dit avoir empoisonné sa femme pour qu'elle cesse de se consacrer à son travail.
Le viticulteur dit avoir empoisonné sa femme pour qu'elle cesse de se consacrer à son travail. © MAXPPP
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avec Marie Peyraube et AFP
Un viticulteur, soupçonné d’avoir empoisonné sa femme, est jugé devant les assises de l’Yonne.

 

L’histoire est digne d’un roman d’Agatha Christie. Depuis lundi, les assises de l’Yonne jugent le cas d’un viticulteur de Fontenay-près-Chablis, accusé d’avoir empoisonné son épouse à petit feu, entre 2004 et 2005.

 

Des traces d’arsenic

 

En août 2004, l’exploitante agricole consulte pour des maux de tête très violents. Loin de se rétablir, ses symptômes empirent peu à peu : maux de tête, vomissements, marques sur le visage, fourmillements, relate le journal en ligne lyonne.fr. Elle est opérée d’un polype en décembre, mais est à nouveau hospitalisée en janvier pour une neuropathie.

 

D'abord considérée comme une intoxication accidentelle, le corps médical a ensuite conclu à une "empoisonnement" dans "le cercle familial". L'intervention de la soeur jumelle de la victime, infirmière de profession qui lui a fait subir une série d'examens dans des hôpitaux parisiens, a été qualifiée de "déterminante"Après avoir nié, son mari a finalement avoué avoir versé régulièrement dans les repas de sa femme de petites doses de Pyral-Rep, un produit destiné à traiter les vignes.

 

"Un acte d’amour"

 

Devant les juges, le vigneron de 52 ans paraît aujourd’hui gêné. Son avocat, Me Bernard Revest, le décrit comme quelqu’un de timide et réservé. L’accusé a épousé sa femme à 18 ans, parce qu'elle était tombée enceinte de lui après un bal de village. Il explique pour sa défense qu’elle ne s'occupait plus assez de lui, et qu’il vivait sous l'emprise de son beau-père.

 

"Il voulait récupérer sa femme, qu'elle arrête de penser au travail", argumente au micro d’Europe 1 Me Revest, qui évoque un "acte d’amour". "Le poison était en quantité infinitésimale, ça ne pouvait pas la faire mourir", défend-il aussi, concluant "qu’il n’y a pas d'intention d'homicide".

 

Un important héritage à la clé

 

La victime, elle, soupire et s'agite dans la salle chaque fois que son mari s'exprime. Elle a gardé nombre de séquelles morales et physiques, tels que des tremblements. "Comment expliquer un crime d'amour, alors qu'il avait une maîtresse ?", se demande-t-elle.

 

Si la viticultrice était morte, son mari aurait hérité de centaines de milliers d'euros d'assurance-vie, et d'un magnifique domaine viticole en plein Chablis.