Sarkozy ne comprend pas cette libération

© REUTERS
  • Copié
Hélène Favier (avec AFP) , modifié à
Le président de la République regrette la remise en liberté du braqueur présumé du casino d'Uriage.

"Je pense aux policiers qui se sont donné tant de mal pour retrouver ce délinquant, c'est bien difficilement compréhensible qu'on le remette en liberté dans ces conditions", a déclaré vendredi Nicolas Sarkozy, au lendemain de la remise en liberté, par un juge des libertés, du second braqueur présumé du casino d'Uriage-les-Bains, en Isère.

"Le ministre de l'Intérieur a dit ce qu'il convenait de dire en la matière", a-t-il ajouté en marge de son déplacement à Montbard, en Côte-d'Or.

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux avait déjà exprimé sa "très vive indignation", se déclarant "consterné" et "indigné". Peu avant le syndicat de policiers, Synergie, avait dénoncé "un acte de forfaiture" et avait fait savoir que "les policiers étaient écoeurés".

Il a été placé sous contrôle judiciaire

Le braqueur, âgé de 25 ans, a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après sa mise en examen par la juge d'instruction. Il avait été interpellé mardi à Voreppe, dans l'Isère, à une quinzaine de kilomètres de Grenoble, un mois et demi après le braquage.

La décision de le libérer a été prise dans la soirée par le juge des libertés et de la détention qui est allé à l'encontre des réquisitions du parquet, lequel avait requis son placement en détention provisoire.

Le parquet a immédiatement fait appel, sur instruction du ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie.

Le parquet a fait appel

Le procureur général de Grenoble, Martine Valdès-Boulouque, a jugé cette décision de remise en liberté "absolument inacceptable compte tenu des charges très graves qui pèsent" contre le jeune braqueur.

Selon une source proche du dossier, des éléments matériels, notamment une expertise, incrimineraient le jeune homme, qui a constamment nié les faits mais bénéficierait par ailleurs d'auditions de témoins à décharge. L'appel du parquet doit être examiné le 9 septembre.

Son avocat satisfait

Son avocat, Me Denis Dreyfus, a salué une décision "exemplaire" du juge considérant à l'inverse que "le dossier" visant son client "est vide au niveau des éléments à charge" et n'est que "celui de la rumeur". "Les effets d'annonce que nous avons eus dans cette affaire à l'égard de mon client étaient totalement injustifiés", a-t-il insisté ajoutant "ce soir c'est la force de la justice dans l'indépendance, la mesure, la recherche de la vérité qui ont triomphé".

Les enquêteurs soupçonnent le braqueur de 25 ans d'avoir braqué le casino d'Uriage dans la nuit du 15 au 16 juillet aux côtés de Karim Boudouda, qui avait trouvé la mort lors d'un échange de tirs avec la police, après une course-poursuite.

Les événements de Grenoble

La mort de Karim Boudouda, dont le complice avait pris la fuite, avait provoqué trois nuits de grandes violences urbaines dans le quartier de la Villeneuve, où Boudouda a passé son enfance. Lors de ces incidents, les policiers avaient essuyé des tirs à balles réelles.

Depuis l'âge de 18 ans, le jeune homme a été condamné sept fois, dont une par la cour d'assises de l'Isère à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour vol à main armée.