Rythmes scolaires : des choix au cas par cas

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Eve Roger avec Sophie Amsili et , modifié à
Les écoles privées n'y sont pas obligées mais pourraient adopter la réforme. Qui paiera ?

L'inconnue. Alors que les écoles publiques doivent adopter la semaine de 4 jours et demi dès la rentrée 2013, ou 2014 au plus tard, les écoles privées sous contrat avec l’État n'ont, elles, aucune obligation. Dans ces 5.000 établissements, où est inscrit un écolier sur six, soit 800.000 enfants en tout, c'est le responsable de l'école qui décidera s'il choisit d'appliquer la réforme des rythmes scolaires défendue par le ministre de l'Education Vincent Peillon. Ou non.

Pourquoi elles le feront probablement. Au niveau national, l'enseignement catholique se montre plutôt favorable à la réforme, au nom de l'intérêt de l'enfant. Et, de façon plus pragmatique, le privé a l'habitude de calquer ses rythmes sur celui du public. Les familles ont en effet souvent un enfant dans le privé, un autre dans le public. De plus, les transports scolaires et la plupart des centres de loisirs sont les mêmes pour tous.

Mais qui paiera ? Les chefs d'établissement font leurs calculs : s'ils appliquent la réforme en 2013, ils auront droit au fonds promis par le ministre de l'Education pour financer les nouvelles activités périscolaires, soit 50 euros par enfant. Reste que la plupart des écoles devraient plutôt basculer vers la semaine de 4 jours et demi en 2014, ce qui ne leur donnerait plus droit à aucune aide de l'Etat.

Un flou peu apprécié. Au niveau national, l'absence de cadre règlementaire est perçu comme une entrave. "Malgré leur bonne volonté et leur souhait de s’engager résolument dans la réforme, les responsables de l'enseignement catholique ne peuvent que pointer les difficultés réelles qui pèsent sur sa mise en œuvre, et en particulier sur son financement", regrette ainsi l'Enseignement catholique dans un communiqué. Et d'enchaîner : "en dépit d’un dialogue régulier et serein avec le gouvernement, les conditions de mise en place du projet dans les établissements privés n’ont pu, à ce jour, être clarifiées : il est regrettable que l'absence de cadre de référence entrave la bonne application d’une politique publique importante pour l’avenir de l’école et la réussite de tous les élèves."

Les communes pourraient-elles mettre la main à la poche ? Peut-être, dans certaines régions où l'école catholique jouit d'une forte implantation, comme dans l'Ouest. Mais d'autres villes, comme Bordeaux, les municipalités ont déjà prévenu qu'elles n'apporteraient pas d'aide au privé. Ce sont finalement les familles qui pourraient payer le prix de cette réforme, menacent les directeurs d'établissement. Face à ce flou financier, l’Enseignement catholique laisse le soin aux dirigeants d'établissements de se débrouiller au cas par cas. Il invite ainsi "les équipes éducatives et les chefs d'établissement à rechercher les modalités d’un partenariat constructif avec les collectivités locales, et à faire le meilleur usage de leur liberté et de leur capacité d’innovation".