Police : petits arrangements par nécessité

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G.V. avec Lionel Gougelot , modifié à
Des commissaires du Nord ont établi une "caisse noire" pour pallier le manque de moyens.

Une enquête administrative au sein de la police du département du Nord a mis à jour l’existence d’une caisse noire dans trois commissariats. Pourtant, l’enquête révélée par l’hebdomadaire Marianne est loin d’avoir mis à jour une quelconque arnaque : le système visait à palier la baisse des moyens financiers dans les commissariats.

Revendre plutôt que jeter

Suite à l’affaire du Carlton, la police du Nord a perdu plusieurs de ses cadres, provoquant une guerre de succession au sein de l’institution. C’est à cette occasion que le bureau des affaires judiciaires de discipline et de contrôle a mis à jour l’existence d’une caisse noire partagée par les commissariats de Lille, Roubaix et Tourcoing.

Son financement était d’une simplicité enfantine : au lieu d’amener à la déchetterie les objets trouvés ou saisis qui n’avaient pas été récupérés par leurs propriétaires, les policiers collectaient toutes les pièces métalliques pour les revendre à un ferrailleur, une fois que la justice les autorisait à s’en débarrasser. Les sommes récoltées étaient ensuite dûment inscrites sur un cahier de comptabilité parallèle.

Une astuce pour résoudre le manque de moyens

Grâce à cette astuce qui aurait duré trois années, les commissariats concernés s’étaient constitués une petite cagnotte dans laquelle ils puisaient pour financer… des dépenses courantes, à savoir des ampoules, des stylos ou encore des ramettes de papier.

Bien loin des soupçons d’enrichissement personnel de l’affaire Neyret, il s’agissait surtout de "ne pas sombrer dans la misère", écrit Marianne, avant de rappeler que " le budget de fonctionnement de la direction départementale de la sécurité publique a en effet chuté de plus de 30 % depuis 2009".

"Qu’on l’officialise une bonne fois pour toute"

Cette démarche est totalement illégale mais elle illustre de manière criante un manque de moyens chronique au sein de la police nationale. Les syndicats n’ont donc pas manqué de s’emparer de cette affaire pour pointer l’appauvrissement de commissariats forcés à multiplier les combines.

Suite aux coupes budgétaires, "les patrons se retrouvent à un moment donné sans argent", rappelle Fabrice Danel, responsable départemental du syndicat Unité Police. "A priori, cela a été utilisé pour des collègues, pour l’achat de matériel, de stylos, etc. C’est très bien mais qu’on l’officialise une bonne fois pour toute", ajoute-t-il.