Philippe Pichon, ex-policier frondeur

Philippe Pichon comparaît mardi à Paris pour avoir fait fuiter des fichiers de police.
Philippe Pichon comparaît mardi à Paris pour avoir fait fuiter des fichiers de police. © MAX PPP
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avec Pierre de Cossette , modifié à
PORTRAIT - Cet ancien commandant est jugé pour avoir fait fuiter des fiches de police.

Son geste lui a valu une mise à la retraite d'office il y a six mois. L'ancien policier Philippe Pichon, 42 ans, comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour "violation du secret professionnel". En 2008, il avait fait fuiter dans la presse les fiches Stic de la police sur Johnny Hallyday et Jamel Debbouze. Son but : montrer que ces fiches étaient mal tenues.

L'ancien commandant assume aujourd'hui ce qu'il a fait et entend bien faire valoir le bien fondé de sa démarche, celle d'un policier qui se dit "légaliste". "Je ne peux pas comprendre que des fichiers informatisés contiennent des informations fausses, non mises à jour", explique-t-il à Europe 1.

Un policier très littéraire

C'est en 2007 que Philippe Pichon se fait connaître plume à la main, avec la publication du Journal d'un flic, ouvrage dans lequel il s'étend sur les dysfonctionnements de la police, rappelle L'Express. L'ouvrage lui vaut à l'époque une mise en garde pour "grave manquement à l'obligation de réserve", précise Libération.

Jusque là, son parcours semble sans tache. Bien noté par sa hiérarchie, il fait ses débuts à Rosny-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Également passé par Saint-Tropez, puis devenu commandant de police à Coulommiers, en Seine-et-Marne, l'ancien étudiant en lettres modernes préside aussi l'Association des poètes de la police. "Parfois, le littéraire prend le pas sur le policier", confie-t-il d'ailleurs à Libération en 2007. 

Contraint de vendre sa maison

En 2008, après avoir tenté, en vain, d'alerter sa hiérarchie sur le caractère obsolète de nombreuses fiches Stic, il choisit de passer par les médias pour le faire savoir autrement. Aujourd'hui, il ne reçoit plus un sous du ministère de l'Intérieur et a dû vendre sa maison.

Pour se défendre au tribunal, il a fait citer comme témoin notamment Delphine Batho, la nouvelle ministre déléguée à la Justice, auteur d'un rapport parlementaire sur les fichiers. A l'issue du procès, Philippe Pichon espère être relaxé et rêve, encore, de réintégrer les rangs de la police.