Marseille : la tentation de l’auto-défense

La mort d'Antoine, tué par un riverain du local qu'il tentait de cambrioler, montre que de plus en plus d'habitants ne comptent plusque sur eux-mêmes pour se défendre.
La mort d'Antoine, tué par un riverain du local qu'il tentait de cambrioler, montre que de plus en plus d'habitants ne comptent plusque sur eux-mêmes pour se défendre. © MAXPPP
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avec Nathalie Chevance et Patrick Roger
Comme le montre la mort d’un ado abattu lors d’un cambriolage, la tendance se dessine à Marseille.

La mort d’Antoine, 15 ans, abattu mardi par un maçon de 56 ans alors qu’il tentait de perpétrer un cambriolage, illustre une tendance à Marseille : de plus en plus d’habitants des quartiers sensibles n’hésitent plus à s’armer pour assurer eux-mêmes leur défense.

 

Ainsi, au domicile de l’homme qui a tué l’adolescent, dans les quartiers nord, les policiers ont retrouvé une carabine à air comprimé, un fusil à pompe, un calibre 12, un fusil de chasse, des cartouches, mais aussi des armes blanches - poignards et autres crans d’arrêt. Tout cela pour un seul homme qui, jusque là, n’avait pas de casier judiciaire. Pourtant, il n’a pas hésité à sortir un fusil 22 long rifle et en faire usage quand il a vu sa victime tenter s’introdurie dans un local voisin.

 

"Le passage à l’acte est extrêmement préoccupant"

 

Et dans d’autres cités sensibles, certains habitants expliquent effectivement que l’arme de chasse ou l’arme de collection du grand-père, déclarée en bonne et due forme, est désormais à portée de main. Avec, pour certains, la tentation de plus en plus forte de l’utiliser. Car, avec plus de 10.000 cas recensés en 2010, le cambriolage est un vrai fléau à Marseille. Et depuis le début de l’année, 30 agressions par jour sont recensées en moyenne. Les représentants des comités d’intérêt de quartiers s’inquiètent face à cette dérive de l’autoprotection et constatent que certains soirs dans les cités, on peut entendre des coups de feu tirés en l’air.

 

"Ce qui est extrêmement préoccupant, c’est surtout le passage à l’acte de certaines personnes qui sont des passionnées d’armes, et qui pour des raisons d’exaspération, de mal-être, de mal-vie dans le quartier, dans la cité, passent à l’acte et arrivent à des choses extrêmes", abonde et s’inquiète sur Europe 1 David-Olivier Reverdy, secrétaire régional (PACA) du syndicat police Alliance.

 

"Marseille n’est pas le Far West"

 

"Tous les Marseillais n’ont quand même pas une armurerie à la maison. Marseille n’est pas le Far West", tempère Yves Moraine, président du groupe UMP au conseil municipal de Marseille, joint par Europe 1. "Pour autant, c’est vrai qu’il y a des tensions persistantes, récurrentes et de plus en plus fortes à cause de cette recrudescence de la délinquance, en particulier dans les cambriolages."

 

Pour l’élu, un effort conséquent est désormais indispensable. "Ce que réclame le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, c’est d’abord un renforcement des effectifs policiers, tout simplement que le ministre de l’Intérieur Claude Guéant tienne les promesses qui ont été faites il y a quelques mois par (son prédécesseur) Brice Hortefeux", martèle-t-il. "Et la municipalité d’ailleurs y prendra sa part. Elle ne se contente pas de réclamer plus de moyens. Nous avons lancé déjà, et il est en cours de réalisation, un très important programme d’installation de caméras pour surveiller les rues. Et en point d’orgue, le 30 mai, nous organisons un conseil municipal spécial dédié uniquement aux problématiques de sécurité pour mobiliser tous les moyens."