Les vaccins de la grippe H1N1 sont... brûlés

3 millions de vaccins vont ainsi être brûlés chaque mois jusqu'en novembre.
3 millions de vaccins vont ainsi être brûlés chaque mois jusqu'en novembre. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul et Mélanie Gomez , modifié à
ENQUETE - Les derniers vaccins vont être incinérés d'ici novembre. Seuls 310.000 ont pu être revendus.

Le communiqué est presque passé inaperçu cet été. Publié en plein mois d'août, il annonçait que la France allait incinérer ses derniers lots de vaccins contre la grippe A d'ici au mois de novembre. Aujourd'hui, la France est donc en train de brûler les derniers stocks de vaccins qui n'ont pas été utilisés depuis 2009. A l'époque, le pays s'était retrouvé avec près de 20 millions de doses de vaccins contre la grippe A sur les bras.

9 millions de vaccins doivent être incinérés d'ici novembre

Il reste désormais 9 millions de doses de vaccins à brûler. Au fur et à mesure que les lots sont périmés, ils sont incinérés. Pour liquider l'intégralité du stock, 3 millions de vaccins vont ainsi être brûlés chaque mois jusqu'en novembre.

Une des usines en charge de l’incinération des stocks est basée à Salaise-sur-Sanne, près de Lyon. Tout y est très automatisé et personne ne touche aux vaccins. "La seule intervention consiste à les transporter jusqu'à un ascenseur", explique Alexandra, qui travaille dans cette société lyonnaise spécialisée dans l’élimination des produits pharmaceutiques. "Les vaccins sont ensuite incinérés à 900 degrés", précise-t-elle.

Seuls 310.000 vaccins ont pu être revendus

Après la campagne de vaccination, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé de l’époque, avait pourtant fait savoir que des négociations étaient en cours pour revendre des millions de vaccins à d’autres pays. Ses négociations n'ont pas eu beaucoup de résultats. Selon les informations d'Europe 1, sur les quelque 20 millions de vaccins de stock, la France n'a revendu que 310.000 doses : 300.000 au Qatar et le reste à Monaco.

L’Egypte aussi devait racheter à la France quelques millions de doses mais elle s’est finalement rétractée. C'est qu'il y a eu beaucoup de concurrence avec d'autres pays qui cassaient les prix pour revendre leurs surplus de vaccins.

Des vaccins ont été donnés à l'OMS

Pour réduire ses stocks, la France a aussi fait des dons à l’Organisation mondiale de la santé qui a reçu une énorme quantité de vaccins. Ce qui a conduit parfois à des situations surréalistes. Ainsi, en Centrafrique, Marc Gentilini, ancien patron de la Croix-Rouge et membre de l’Académie de médecine, a vu arriver dans des services de pédiatrie désargentés des vaccins contre la grippe A en provenance de France.

Alors qu'il interrogeait un responsable local sur l'utilité de ce vaccin, Marc Gentilini a reçu cette réponse : "C'est le don de la France. Ce sont des vaccins qu'elle a donnés à l'OMS pour les distribuer dans les pays pauvres".
 

"C'est le don de la France" :

L'achat des vaccins aura coûté plus de 392 millions d'euros

La facture de ces opérations d'incinération de vaccins tourne autour de 50 à 60.000 euros. Mais c'est le dernier chiffre à ajouter à une addition déjà très élevée. Car, au total l’achat des vaccins aura coûté à la France un peu plus de 392 millions d’euros. Dans cette addition, il faut compter un chèque de 48,5 millions d’euros fait aux laboratoires pour les commandes de vaccins annulées…

Aujourd'hui, Roselyne Bachelot ne souhaite pas faire de commentaire sur ce dossier. Tout comme l'ancienne ministre de la Santé, la plupart des protagonistes du feuilleton grippe A disent que c’est une affaire classée.  Un conseiller lâche quand même cette phrase : "ça nous servira de leçon pour la prochaine fois, car il y aura une prochaine fois".