Les cadeaux d'Ikea à la police

Avec les révélations de Mediapart, les pratiques de la direction d'Ikea sont encore remises en question.
Avec les révélations de Mediapart, les pratiques de la direction d'Ikea sont encore remises en question. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Un magasin de Gonesse "arrosait" de "bons cadeaux" des policiers en échange d'infos sur le personnel.

Des renseignements payés en bons cadeaux. Le magasin Ikea de Gonesse, dans le Val-d'Oise, "arrosait" des policiers locaux en échange d'information sur des employés, révèle mercredi Mediapart.

Le magasin s'assurait "les bonnes grâces de policiers locaux à coups de 'bons cadeaux'", affirme le site, évoquant notamment une dizaine de bons d'achat d'un montant de 100 euros chacun remis en octobre 2002.

Des "petits montants"

Interrogé par Mediapart, l'ancien directeur du magasin, Paul Magnan, aujourd'hui à la tête du magasin de Strasbourg, n'a pas contesté ces pratiques. "On s'efforce d'avoir de bonnes relations avec les partenaires locaux, en remettant des bons d'achat à des clubs de foot, à des associations, etc.", a-t-il justifié à Mediapart. Interrogée, l'entreprise s'est refusée mercredi à tout commentaire.

Sous couvert d'anonymat, un autre ancien directeur a évoqué des pratiques remontant aux années 90, avec des dons "fréquents, mais pour de petits montants". "Par la suite, ça s'est institutionnalisé", a-t-il confié à Mediapart. "Sinon, comment voulez-vous que la police passe quand on en a besoin, ou qu'elle nous confie les antécédents d'un syndicaliste ?", a-t-il ajouté pour les justifier.

Fac-similés de courriels internes

Le site publie des fac-similés de courriels internes d'Ikea montrant que l'un des responsables du magasin "a eu un accès direct à des informations confidentielles couvertes par le secret de l'enquête". Un ancien gendarme, Laurent Leroy, recruté au début des années 2000 pour lutter contre des fraudes au sein de ce magasin, rapportait à sa hiérarchie  l'évolution des enquêtes menées par la police sur ces employés, explique Mediapart.

Ces révélations interviennent alors que la filiale française du géant suédois de l'ameublement est dans le collimateur de la justice pour des faits présumés d'espionnage de salariés et de clients. Une enquête préliminaire est en cours depuis un mois au parquet de Versailles pour "utilisation frauduleuse de données personnelles". Ces soupçons de surveillance illégale ont amené Ikea France à mettre sur la touche début mars plusieurs responsables, dont son ancien patron Jean-Louis Baillot.