La perpétuité requise contre Colonna

Yvan Colonna comparaît depuis le 2 mai devant la Cour d’assises de Paris.
Yvan Colonna comparaît depuis le 2 mai devant la Cour d’assises de Paris. © REUTERS
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avec Marie Peyraube et AFP , modifié à
Après un long réquisitoire, le ministère public a demandé la perpétuité et 22 ans de sûreté.

Le maximum : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté. C’est la peine requise mercredi contre Yvan Colonna, qui comparaît depuis le 2 mai devant la cour d’assises de Paris pour l'assassinat en 1998 du préfet Erignac.

Rejugé pour la troisième fois, Yvan Colonna a déjà été condamné deux fois à la réclusion criminelle à perpétuité, une peine alourdie en appel d'une période de sûreté de 22 ans, pendant laquelle le condamné ne peut pas demander d'aménagement de peine ou de libération conditionnelle. Mais ce verdict avait été annulé par la Cour de cassation pour vice de forme.

Le ministère public persiste

Sans surprise, l’avocate générale, Annie Grenier, a requis mercredi la même peine que celle déjà demandée lors des deux premiers procès à l’encontre d’Yvan Colonna, autrement dit la peine maximale prévue par la loi. Annie Grenier a regardé pendant son réquisitoire exclusivement la Cour, sans jamais se tourner vers l’accusé.

"Je souhaite qu'à l'issue de votre délibéré, on ne parle plus d'Yvan Colonna comme le berger de Cargese, mais comme l'assassin du préfet", a-t-elle déclaré. Pour cette dernière, il faut "marquer la différence" avec les six autres membres du groupe de tueurs déjà condamnés à des peines allant jusqu'à la perpétuité, sans sûreté, car selon l'accusation, c'est Yvan Colonna, berger de profession et militant nationaliste, qui a fait feu.

Alexandre Plantevin, l’autre avocat général, avait récusé un peu plus tôt dans la journée l'idée d'un "complot" qui viserait à impliquer à tort le berger corse. Le représentant du ministère public a tenté de démonter tout l'argumentaire de la défense sur les erreurs de l'enquête, ainsi que la mise en cause du travail des juges d'instruction.

Un réquisitoire en forme de QCM

Alexandre Plantevin a aussi écarté l'hypothèse selon laquelle les membres du commando, condamnés en 2003, auraient dénoncé à tort Yvan Colonna parce qu'ils éprouvaient du "ressentiment à son égard". "Ce ressentiment n'empêche pas une virée à Paris entre copains en septembre 1998", quelques mois après l'assassinat du préfet, le 6 février 1998 à Ajaccio, a-t-il souligné. "Il n'explique pas les mises en cause des épouses. Elles n'ont pas de raison de lui en vouloir, et pourtant ce sont elles les plus rudes accusatrices".

L'avocat général a imaginé un "QCM" qui serait proposé par la défense pour expliquer pourquoi les complices présumés d'Yvan Colonna l'ont initialement mis en cause, avant de se rétracter. "A : pour répondre aux pressions des enquêteurs. B : pour sauver leurs proches. C : pour protéger d'autres membres du groupe. D : parce qu'ils le prennent pour une balance. E: parce qu'ils lui en veulent de ne pas les avoir rejoints", a-t-il énuméré. Et "comme la défense est bonne fille, vous pouvez cumuler plusieurs réponses!", a-t-il ironisé.

Le verdict en fin de semaine ou lundi prochain

Les plaidoiries de la défense sont attendues jeudi et vendredi. Et la partie n’est pas finie, confient les avocats de la défense, rappelant qu'un réquisitoire n’est pas un verdict. Celui-ci est attendu en fin de semaine ou, plus vraisemblablement, lundi prochain, le 20 juin.