La difficile rentrée de Philippe Courroye

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FR avec Pierre de Cossette , modifié à
Débarqué du parquet de Nanterre, il a contesté sa mutation jeudi devant le Conseil d’Etat.

Le 11 août dernier, c’est en son absence, par écrit et trois semaines avant tous les autres magistrats, que Philippe Courroye avait fait sa "rentrée". L’ex-procureur de Nanterre avait ainsi été "installé" au parquet général de Paris. Une nomination décidée par la nouvelle Garde des Sceaux et que l’intéressé a décidé de contester devant la justice. C’est donc le Conseil d’Etat qui devait examiner son dossier jeudi mais Philippe Courroye va devoir patienter : les juges ont annoncé qu'ils ne rendront leur décision que le 12 septembre prochain.

Un pot de départ en petit comité

Officiellement, Philippe Courroye est désormais avocat général à la cour d'appel de Paris. Mais ce magistrat, présenté comme un proche de Nicolas Sarkozy et cité dans l'affaire des fadettes, est discrètement repassé, la semaine dernière au tribunal de Nanterre, selon les informations recueillies par Europe 1. Il y a rendu sa voiture de fonction, gardée le temps des vacances. Il en a profité pour partager un verre avec ceux qui ont travaillé à ses côtés au cours des dernières années. Un "pot de départ" qui s'est tenu dans son ancien bureau mais en tout petit comité.

En tant qu’avocat général à la cour d'appel de Paris, Philippe Courroye n’a désormais plus droit à la protection rapprochée des policiers du SPHP, le poste étant moins exposé. Et de fait moins prestigieux.

Courroye veut devenir avocat

Pour Philippe Courroye, aucun doute n’est permis, sa mutation, ou plutôt ce qui est une "sanction disciplinaire", a des racines avant tout politiques. "Depuis quatre ans, mon nom est accolé dans la presse à celui de Nicolas Sarkozy : on a sciemment voulu donner une coloration politique à mon action et à ma personne", accusait-il dans une interview au Figaro fin juillet. "Je peux comprendre que le nouveau pouvoir veuille récupérer le parquet de Nanterre, mais il y a des façons de procéder", tonnait encore le magistrat.

Mais c’est sur le terrain du droit que Philippe Courroye a décidé de contester sa réaffectation, la jugeant illégale. Son avocate, Me Claire Waquet, a déposé un "référé-suspension", une procédure en urgence. Si le Conseil d’Etat annulait cette mutation, Philippe Courroye pourrait en théorie redevenir procureur de Nanterre. Mais le magistrat a envie de tourner la page, il veut être avocat. Un nouveau défi personnel et une nouvelle bataille juridique en vue : s'il veut exercer au barreau de Paris ou Nanterre, il devra logiquement attendre cinq ans. C’est ce qui est prévu pour les magistrats ou anciens magistrats, afin d’éviter conflit d'intérêts.