Infanticide : une mère acquittée par les assises

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Frédéric Frangeul avec Noémie Schulz et agence
Victime d’un déni de grossesse, elle avait accouché en 2006 et déposé l’enfant dans une poubelle.

 L’INFO.  Elle avait accouché seule le 22 octobre 2006 dans les toilettes d'une salle des fêtes où se déroulait un mariage, avant de placer le corps du bébé dans une poubelle.Une quadragénaire, jugée depuis lundi devant les assises de Saône-et-Loire pour le meurtre de son nouveau-né, a été déclarée jeudi irresponsable et acquittée.  "A toutes ces femmes à qui il arrive un déni de grossesse, je voulais dire que c'est quelque chose d'horrible. Il faut le faire connaître et se faire aider", a déclaré Sylvie Dedieu, âgée de 44 ans.

"Un déni de grossesse total". Le nourrisson avait été trouvé quelques heures plus tard sans vie dans un container à Saint-Martin-sous-Montaigu, en Saône-et-Loire. L'autopsie de l'enfant, de sexe féminin et né à terme, avait révélé une "agonie en raison du confinement, aggravée par l'accouchement traumatique". Durant le procès, la défense a soutenu la thèse du "déni de grossesse total", qui a couvert "la grossesse et l'ensemble de l'accouchement".

"Aucune volonté de tuer". L'avocat de Sylvie Dedieu, Me Dominique Galmiche, s’est réjoui du verdict prononcé par la cour d’assises de Haute-Saône. "C’est quand même une avancée nette, la reconnaissance du fait que pour certaines femmes, il y a grossesse physique mais non pas grossesse psychique", a-t-il réagi sur Europe 1. En conséquence, ce type de femme "n’a pas la réalité d’être enceinte et n’a pas la réalité d’accoucher d’un enfant", précise-t-il. "Il n’y aucune volonté de tuer ou de faire du mal" dans le geste de sa cliente, poursuit l’avocat. "On peut lui reprocher de ne pas avoir appelé au secours mais du fait de la violence de l’accouchement, cela a empêché qu’elle puisse valablement réfléchir", conclut-il.

Elle croyait l’enfant mort-né. L'accusée a dit n'avoir que des "bribes" de souvenirs du drame, ne se rappelant que " de la douleur, du sang, de la panique et d'être seule au monde". Elle a toujours assuré que l'enfant "n'avait pas crié, n'avait pas bougé" et qu'elle le croyait mort-né.  "Je suis bouleversée, ça fait sept ans que je vis un enfer et j'espère pouvoir me libérer", a-t-elle également fait savoir.

Un discernement aboli. Jeudi matin, une peine de cinq ans de prison, dont trois ans avec sursis, avait été requise. La cour a décidé dans son verdict de requalifier les faits d'"homicide volontaire sur mineur" en "privations volontaires de soins ayant entraîné la mort". Elle a considéré que l'accusée était "atteinte d'un trouble psychique ou neuro-psychique au moment des faits ayant aboli son discernement".