Immobilier: le bon moment pour acheter?

Les professionnels de l'immobilier ne sont pas catégoriques. Investir dépend de votre profil.
Les professionnels de l'immobilier ne sont pas catégoriques. Investir dépend de votre profil.
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Marion Sauveur , modifié à
Tout dépend de votre profil. La réponse avec les professionnels de l'immobilier.

La période actuelle semble parfaite pour investir dans l'immobilier : les prix des biens baissent, les taux des crédits chutent et les acheteurs sont peu nombreux sur le marché. Et pourtant les professionnels du secteur n'encouragent pas particulièrement à l'achat. Europe1.fr vous aide à y voir plus clair.

L'élection présidentielle, une période favorable. Le marché de l'immobilier est au ralenti depuis le début de l'année. "On est plutôt dans une phase de retournement du marché, il y a un certain attentisme. Les gens attendent que l'élection présidentielle soit passée pour voir quelles annonces pourraient arriver", note Sandrine Allonier, responsable des études économiques chez Meilleurtaux.com, au micro d'Europe1.fr. Et qui dit acheteurs moins nombreux, dit accédants à la propriété "en position de force". Il ne faut "pas hésiter à négocier entre 5 à 10%", estime la spécialiste en courtage.

Mais "ce phénomène d'attentisme", comme le qualifie à Europe1.fr René Pallincourt, le président de la Fnaim, n'est pas forcément bon signe pour investir. "Si c'est pour acheter une résidence principale, peu importe la période", estime-t-il avant d'ajouter : "par contre, si c'est un investissement locatif, moi, j'attendrais de connaître le résultat des élections présidentielles bien que, selon moi, ça ne changera pas grand-chose".

Des taux d'intérêts propices. Alors que les spécialistes s'attendaient à une hausse des taux d'intérêts des prêts immobilier suite à la perte du triple A de la France, les banques ont fait le choix inverse : elles les ont progressivement baissé. Mieux encore : en avril, "elles sont 100% à avoir baissé leurs taux pour une durée de moins de 20 ans", selon les informations de Meilleurtaux.com. "Les niveaux sont très bas. Ils sont quasiment revenus à ceux de mars 2011", se réjouit Sandrine Allonier.

Les futurs accédants à la propriété qui ont un apport, des revenus élevés et une situation stable "peuvent obtenir un prêt autour de 3,80% sur 20 ans, voire moins", note-t-elle. Et le taux moyen s'élève à "4,10% sur 20 ans", soit 0,20 point de moins qu'en début d'année. Ainsi, "un dossier avec 20% d'apports et une situation professionnelle stable est aujourd'hui très recherchée par les banques : elles sont même prêtes à se battre pour ces bons dossiers. Mieux encore, il est même possible de renégocier le taux avec sa banque", explique Sandrine Allonier.

Mais la situation est paradoxale. Car "si les taux sont avantageux, les banques sont plus prudentes en raison du contexte économique. Elles sont assez regardantes sur qualité des dossiers présentés par les emprunteurs et font des taux différents suivant les profils", constate la responsable des études économiques chez Meilleurtaux.com.

"Ceux qui n'ont pas les meilleurs profils - des revenus bas et une situation professionnelle avec des incertitudes -, ça ne va pas être le meilleur moment pour acheter, car le dossier risque de ne pas passer auprès de la banque", regrette Sandrine Allonier. La solution est donc d'attendre pour renforcer son dossier : "mieux vaut essayer de le soigner, de prendre un à trois mois de plus pour présenter un dossier sans découvert, avec un peu d'apport et mettre toutes les chances de son côté". Surtout que, note-t-elle, "les taux des banques vont rester bas jusqu'à cet été".

Des prix en baisse. Depuis l'automne dernier, le marché de l'immobilier est entré dans une phase de baisse générale en région parisienne, suivie par la province depuis le début 2012. En avril, "la chute des prix se poursuit. Mais elle est "globalement très modérée, sans doute, autour de 2 à 3%", confirme à Europe1.fr Pierre Bazaille, président de l'Institut notarial de l'immobilier, qui parle de "pause". Et ce, après un marché très actif l'an dernier avec "350.000 PTZ+ (prêts à taux zéro) distribués. Le PTZ+ était considéré comme un apport personnel. Avec sa disparition, aujourd'hui un certain nombre d'acquéreurs sont sortis du marché", indique le notaire.

Maiscette baisse des prix ne suffit pas. Même si les prix des logements en Ile-de-France sont en léger repli, de 0,6% entre novembre et janvier dernier, ils restent particulièrement élevés. "Les prix ont presque quadruplés depuis 2000 : de 2.500 à 3.000 euros le mètre carré, on est passé à plus de 8.000 euros maintenant", déplore Sandrine Allonier.

Et de constater: "plus d'un Parisien sur deux achète en dehors de Paris maintenant : soit en banlieue, soit en province". Reste que d'autres choisissent de louer. "Ils préfèrent et achètent une petite surface pour être propriétaire en région", observe la spécialiste de Meilleurtaux.com avant d'ajouter que "l'essentiel aujourd'hui est d'investir dans la pierre, c'est une valeur refuge".

Rien ne sert de courir, car la baisse devrait se poursuivre. Selon Pierre Bazaille, "on devrait rester sur un marché avec une stabilité légèrement à la baisse jusqu'en 2013".