Il veut céder sa ferme à un réfugié afghan

Sans enfant prêt à reprendre l'exploitation familiale, Jean-Louis et Wicki souhaitent transmettre leur patrimoine à Najib, un Afghan menacé d'expulsion.
Sans enfant prêt à reprendre l'exploitation familiale, Jean-Louis et Wicki souhaitent transmettre leur patrimoine à Najib, un Afghan menacé d'expulsion. © MAXPPP
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Tugdual de Dieuleveult , modifié à
Menacé d'expulsion, un Afghan pourrait hériter de la ferme de l'agriculteur pour lequel il travaille.

Najib a 24 ans. Orphelin, il a fui l'Afghanistan menacé par les talibans pour arriver en France en juin 2009, à Calais. "J'ai été obligé de quitter mon pays, les talibans voulaient m'assassiner" déclare Najib au Parisien

Après trois mois d'attente dans la "jungle de Calais", celle-ci est démantelée et Najib est conduit à Nimes, menotté, dans un centre de rétention. "En septembre 2009, la police est arrivée et nous a délogés", confie le jeune homme. Pris en charge par une association protestante, il finit par faire la connaissance de Wicki et Jean-Louis Fine, exploitants agricoles à Soudorgues dans le Gard, spécialisés dans les plantes aromatiques et médicinales bio.

Un héritier pour la ferme

Petit à petit, Jean-Louis et Wicki se prennent d'affection pour Najib qui a connu un parcours chaotique avant de trouver un peu de paix dans leur exploitation du Gard. Sans enfant prêt à reprendre l'exploitation familiale, Jean-Louis et Wicki souhaitent alors transmettre leur patrimoine à Najib.

Seul problème, le réfugié est sous la menace d'une expulsion du territoire national. Un dernier recours, le 24 novembre au tribunal administratif de Nîmes, devra statuer sur l'avenir du jeune homme qui réside depuis deux ans à Soudorgues, ajoute le Parisien.

"S'il est renvoyé en Afghanistan, il va être tué"

Wicki est très proche de Najib. S’il a d’abord uniquement travaillé pour l’exploitation agricole, il est aujourd’hui, un membre a part entière de la famille. Wicki est même un peu devenue sa mère de substitution. "Je ne peux pas  accepter que mon fils reparte pour être lapidé", confie-t-elle visiblement émue. "On trouverait inacceptable qu'il s'en aille. Il ne partira pas et s'il le faut, tout le village le cachera", poursuit Jean-Louis.

De son côté, Najib se sent lui aussi comme l'enfant de Wicki et Jean-Louis. "Pour moi, Jean-Louis et Wicki sont mes parents, il m'apportent beaucoup. J'ai appris un métier, je connais les différentes plantes, je travaille tous les jours", témoigne Najib.

L'expulser, c'est lui offrir un cercueil

Pour l'avocate des sans papiers de Nîmes, maître Pascale Chabbert Masson, "ce garçon est un modèle d'intégration. S'il n'obtient pas de papier, à mon sens, plus personne d'autre ne pourra les obtenir. L'expulser vers l'Afghanistan, c'est lui offrir un cercueil. Le préfet peut régulariser la situation s'il le souhaite", note l'avocate avant de conclure : "Najib lui veut simplement pouvoir vivre de la terre"