Huit mois de prison ferme pour Rocancourt

Christophe Rocancourt est jugé pour abus de faiblesse. Il aurait extorqué plus de 700.000 euros à la cinéaste Catherine Breillat.
Christophe Rocancourt est jugé pour abus de faiblesse. Il aurait extorqué plus de 700.000 euros à la cinéaste Catherine Breillat. © MAXPPP
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avec Fabienne Le Moal , modifié à
"L'escroc des stars" a été reconnu coupable d'abus de faiblesse sur la réalisatrice Catherine Breillat.

Au tribunal de Paris, il était ravi de retrouver un public. Christophe Rocancourt, célèbre pour avoir escroqué le tout-Hollywood dans les années 90, a été condamné vendredi à 16 mois de prison, dont huit ferme pour abus de faiblesse sur Catherine Breillat, cinéaste française. Il a également été condamné à verser 578.000 euros de dommages et intérêts. Selon son avocat, Me Jérôme Boursican, Christophe Rocancourt pourrait sortir dès cette nuit de la prison parisienne de la Santé où il a effectué deux mois de détention provisoire.

Dans son réquisitoire, le procureur avait demandé deux ans de prison, dont un avec sursis.

"Je suis quelqu'un qui dépense"

Vendredi, le tribunal a eu fort à faire pour décrypter la relation confuse entre celui qui se revendique "un escroc notoire" et celle qui se dit sa victime. Tantôt complices, tantôt à couteaux tirés, la réalisatrice de 63 ans et le bellâtre de 44 ans se sont affrontés une bonne partie de l'après-midi devant le tribunal correctionnel de Paris. Ici ils se vouvoient, là ils se tutoient. Elle s'apitoie. Elle lui sourit. Il dit qu'il ne pouvait l'abandonner. Il se moque d'elle, goguenard.

Pendant l'audience, vêtu d’un sobre col roulé noir, le prévenu n’a pas hésité pas à revendiquer son côté dépensier. Interrogé sur la somme extorquée à la cinéaste, il rétorque, dans un grand sourire : "vous me demandez ce que j’ai fait de cet argent ? Je vous le dis, je l’ai dépensé, je ne l’ai pas mis sur un compte épargne. Je suis quelqu’un qui dépense, qui ne sait pas gérer l’argent". Quant au compte qu’il possède à Hong Kong, Christophe Rocancourt affirme qu’il est vide. "C’est parce que j’allais jouer au poker là-bas", assure-t-il.

Il la recueille à Noël

Et la rumeur selon laquelle il possèderait une fortune en Suisse ? "C’est du fantasme. Si j’avais 30 millions d’euros en Suisse, je ne serais pas devant vous", se défend l’imposteur qui a mené grand train aux Etats-Unis pendant des années, au frais de multiples stars de cinéma. Revenu en France en 2005 après une longue peine de prison, il s’est fait connaître grâce à un livre retraçant son parcours.

C’est par ce biais qu’il a rencontré Catherine Breillat, qui voulait lui donner le premier rôle masculin d’un film avec Naomi Campbell. Christophe Rocancourt est alors très vite devenu l’ami indispensable, a expliqué la cinéaste au tribunal vendredi. En larmes, elle raconte qu’il l’a recueillie à Noël, alors que sa propre famille voulait la mettre dans une maison de repos.

Fragilisée par un AVC et d’autres problèmes de santé, la réalisatrice a signé plusieurs chèques à l’ordre de Christophe Rocancourt. Elle dit avoir été flouée. Lui affirme qu’il s’agissait d’avances pour le film. Sauf que, souligne le président du tribunal, il n’y a pas eu de contrat. Christophe Rocancourt insiste surtout sur le fait que Catherine Breillat "n’était pas faible". Deux expertises disent cependant le contraire, ce qui agace le prévenu : "comment quelqu’un qui est tellement affaibli peut faire des livres et des films ?".

Selon son avocat, Me Jérôme Boursican, Christophe Rocancourt pourrait sortir dès cette nuit de la prison parisienne de la Santé où il a effectué deux mois de détention provisoire.