Hormones : verdict en mai 2011

Le jugement dans le procès de l'hormone de croissance sera rendu en mai prochain.
Le jugement dans le procès de l'hormone de croissance sera rendu en mai prochain. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
La cour d'appel s'est donné cinq mois de réflexion dans le procès des hormones de croissance.

Elisabeth Mugnier et Fernand Dray devront encore patienter. La cour d'appel de Paris s'est donné mercredi cinq mois de réflexion pour cerner les responsabilités éventuelles des deux mis en cause dans le drame de l'hormone de croissance, après avoir écouté la défense épingler les doutes et exagérations de l'accusation. Les trois magistrats chargés de juger cette catastrophe de santé publique rendront donc leur arrêt le 5 mai 2011.

Après vingt ans de marathon judiciaire et une relaxe générale en première instance, l'attente des familles des victimes est grande. Cette attente, les avocats de la défense, à la barre tout au long de la journée, se sont employés à la démolir en dépit du "caractère exceptionnel, terrifiant de ce drame", selon les mots de Me Francis Triboulet.

"Comment pourriez-vous élaborer une vérité scientifique ?"

L'incertitude scientifique demeure. Les avis des témoins et experts entendus tout au long du procès divergent sur la connaissance, au début des années 80, du risque de transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jacob. "Dès lors que les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux, comment nous avocats, vous juristes, pourriez élaborer une vérité scientifique ?", a demandé Me Olivier Metzner, l'un des défenseurs d'Elisabeth Mugnier.

La pédiatre est accusée d'avoir collecté les hypophyses dans les morgues des hôpitaux sans veiller à leur qualité. Elle était à l'époque jeune médecin de 28 ans. "Qu'aurait-elle pu, qu'aurait-elle dû faire ? Vérifier la qualité des hypophyses qu'elle transportait ? Ce n'était pas sa mission, elle n'en avait pas les moyens", a fait valoir Me Metzner. Son travail n'avait aucune dimension scientifique, soutient l'avocat. "Ce qu'elle faisait, un coursier aurait pu le faire", affirme-t-il.

Coursier, Fernand Dray ne l'était certes pas. Ce biochimiste réputé dirigeait le laboratoire URIA de l'Institut Pasteur où était extraite et purifiée l'hormone. "Comment imaginer que cet éminent scientifique aurait pris son travail à la légère", s'est indigné Me Triboulet. "Comment peut-on dire sans preuve que cet homme-là a mal travaillé alors qu'il était présent dans son laboratoire, investi dans son métier" et avait pris soin d'entourer d'une "équipe compétente".

Lundi, le parquet a requis une peine de trois ans de prison avec sursis contre Fernand Dray et de six à douze mois avec sursis contre Elisabeth Mugnier.