Grève massive dans les crèches

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
Les professionnels de la petite enfance s'opposent à un assouplissement des règles d'accueil.

Journée "crèches fermées" jeudi. De nombreux parents ont trouvé portes closes jeudi dans les établissements destinés aux tous petits, en raison d’un mouvement national. Les professionnels de la petite enfance ont répondu nombreux aux préavis de grève déposés par les fédérations CGT, CFDT, UNSA et FSU. Une trentaine de manifestations a eu lieu en France, celle de Paris a rassemblé jeudi matin entre 5.000 et 10.000 employés de crèches.

"La mobilisation est très forte", s'est félicité Christophe Harnois, de l'Unsa, avant d'évoquer des taux de grévistes de 50 à 60% au niveau national. 27 des 30 crèches de Bordeaux sont ainsi restées fermées, 50 sur 60 à Marseille, 34 crèches municipales sur 48 à Lyon, 11 sur 14 à Strasbourg. Même constat à Grenoble, où on a comptabilisé 70,9% de grévistes.

Opposés à un décret du gouvernement

Les personnels des crèches protestent contre un futur décret du gouvernement prévoyant un assouplissement des règles d'accueil. Le texte devrait, selon le secrétariat d'Etat à la Famille, être publié "dans les trois mois".

Le décret prévoit notamment des possibilités d'accueil supplémentaires dans les crèches. Il abaisse également de 50 à 40% le taux minimal de personnel "très qualifié" (éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture...) obligatoirement présent dans les crèches, et augmente du même coup le nombre de personnels moins qualifiés, comme les titulaires de CAP Petite enfance.

Autre pierre d'achoppement, le texte consacre l'expérimentation des "jardins d'éveil" - structures pour les 2/3 ans intermédiaires entre crèche et maternelle - et dont les professionnels craignent que le taux d'encadrement soit trop réduit.

Pour le retrait du décret

"Accueillir un enfant, ce n'est pas seulement changer les couches et faire un atelier pâte à modeler, c'est aussi observer ce qui se passe, déceler les enfants qui ont des problèmes", fait valoir Christophe Harnois (Unsa), éducateur de jeune enfants. Les titulaires d'un CAP Petite enfance "n'auront pas suffisamment de compétences et de connaissances pour pouvoir bien accompagner les enfants", s'inquiète-t-il, réclamant, au nom du collectif, le retrait pur et simple du décret.

Plus d'enfants, c'est aussi "moins de temps consacré à chaque parent" en fin de journée, ajoute Cyrille Godfroid, vice-président de la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants.

Environ 240.000 enfants de moins de trois ans sont accueillis en crèche, soit 10% de cette tranche d'âge. Un rapport remis au gouvernement en 2008 estimait à au moins 300.000 le nombre de places d'accueil des tout petits manquantes en France, alors même que le taux de fécondité est l'un des plus élevés d'Europe.

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