Des vaches à lait étiquetées "à viande"

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avec AFP

Un agriculteur de la Manche a accusé l'abattoir Kermené, propriété du groupe Leclerc, dans les Côtes-d'Armor, d'avoir étiqueté en juillet 2012 "race à viande" deux carcasses qu'il avait vendues comme "race laitière", ce que le président du groupe Leclerc Michel-Edouard Leclerc a démenti, a-t-on appris mardi auprès des intéressés. L'agriculteur, Yves Sauvaget, porte-parole de la Confédération paysanne lait pour la Manche et producteur de viande bio, estime qu'il s'agit d'une "fraude" qui permet, selon lui, de gagner jusqu'à 1.200 euros par bête, la race à viande étant vendue plus chère au consommateur que la race laitière.

Yves Sauvaget, qui possède un troupeau de 55 vaches laitières et 10 vaches à viande à Saint-Ovin, dans la Manche, a estimé que cela était significatif du "travail de sape fait par l'agroalimentaire". "Nous éleveurs, la traçabilité nous tient à cœur. On est rigoureux. Ça nous coûte de l'argent et, eux, ils cassent tout", a-t-il accusé. La viande en l'occurrence était bio, mais selon l'éleveur "peu importe, cela aurait pu arriver dans le conventionnel". 

De son côté, Jean-Michel Masson, directeur départemental adjoint de Protection des personnes (DDPP) de la Manche, a indiqué à l'AFP mardi: "Effectivement on a eu un appel téléphonique voilà quelques mois, il n'y a pas eu de plainte, pas eu de fourniture de pièces, sur des vaches qui auraient été à lui, qui auraient été vendues à un abattoir dans le 22 et qui auraient été survalorisées selon lui." L'affaire "en est restée là parce que la survalorisation n'était pas évidente", a-t-il ajouté. Jean-Michel Masson a aussi affirmé que "les bêtes en question étaient croisées". "Or, par exemple, un croisé race à viande avec race mixte peut très bien être vendu comme race viande", a-t-il expliqué. "Si monsieur Sauvaget veut porter plainte, on peut a posteriori" se pencher sur ce cas, a toutefois assuré M. Masson