Des amitiés politiques au procès Chirac

Le tribunal a examiné jeudi des contrats qui auraient servi les ambitions électorales de Jacques Chirac.
Le tribunal a examiné jeudi des contrats qui auraient servi les ambitions électorales de Jacques Chirac. © MAXPPP
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Le tribunal a examiné jeudi des contrats qui auraient servi les ambitions électorales de Chirac.

Certains chargés de mission de la Ville de Paris auraient-ils plus travaillé à servir les ambitions politiques de Jacques Chirac que les intérêts des Parisiens ? C'est que qu'ont essayé de démêler jeudi les juges de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris, qui jugent Jacques Chirac - en son absence - et neuf autres prévenus dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris.

La "cellule Jean-Pierre Denis" décortiquée

Le tribunal a d'abord examiné le cas de cinq chargés de mission qui auraient appartenu à "la cellule Jean-Pierre Denis". Ils auraient été rémunérés par la mairie de Paris mais auraient travaillé exclusivement pour l'association Réussir l'an 2000 - un groupe de réflexion créé en 1991 pour préparer les législatives de 1993 et la présidentielle de 1995, dont Nicolas Sarkozy était le secrétaire général. Nicolas Sarkozy, partisan d'Edouard Balladur, avait quitté l'association en 1993. Réussir l'an 2000 avait ensuite été dissoute quand l'état-major de campagne de Jacques Chirac s'était mis en place en 1994, a précisé le président du tribunal, Dominique Pauthe.

Hugues de la Rocque, seul témoin à se présenter à la barre, a assuré avoir travaillé pour le maire de Paris. De 1991 à 1993, il était chargé de "traiter des sujets d'actualité économiques et sociaux qui intéressaient le maire et le cabinet du maire" et de "[s]'appuyer sur des experts de ces sujets pour fournir des arguments, des chiffres". Dans son bureau situé au 174 boulevard Saint-Germain, au siège de l'association, il a indiqué n'avoir jamais vu d'élus, sauf Nicolas Sarkozy qui passait régulièrement et Jacques Chirac, une seule fois, lors "d'une de ses tournées des popotes".

Des chargés de mission contre un soutien "loyal" ?

Le tribunal a ensuite examiné les contrats de chargés de mission mis à la disposition du Centre national des indépendants (CNI), un petit parti de la majorité municipale dont Jacques Chirac dit avoir eu besoin "du soutien ferme et loyal". En l'absence de Jacques Chirac, le juge Pauthe a lu des extraits de ses déclarations devant le juge d'instruction : "Je n'étais pas au courant de ces deux contrats, mais j'en revendique la totale responsabilité", a ainsi dit l'ancien maire de Paris. Au cours de ses auditions, Jacques Chirac avait totalement réfuté l'existence d'un accord secret avec le CNI visant à obtenir son soutien pour la présidentielle de 1995.

Ces auditions sont les dernières de cette première semaine de procès. Les débats reprendront lundi. La deuxième semaine de procès devrait être marquée notamment par l'audition d'Alain Juppé jeudi après-midi.