Amiante : le procès de trop

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avec Lionel Gougelot , modifié à
Les victimes pourraient devoir rembourser leurs indemnités mais le dossier devient politique.

Journée difficile pour les victimes de l’amiante, qui avaient rendez-vous jeudi au Palais de justice de Douai, dans le Nord. Le Fond d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva) demande à 47 victimes de l’amiante de rembourser leurs indemnités, ce que ces dernières refusent. La justice a mis sa décision en délibéré, mais l’angoisse persiste chez les victimes de l’amiante.

Les méthodes de calculs de leurs indemnités ont en effet été revues, si bien que le Fiva estime qu’ils ont reçu une somme bien supérieure à ce qui est désormais la norme.

Un remboursement qui fait scandale

Si les victimes s’inquiètent, c’est parce que la cour d'appel de Douai les a déjà condamné à deux reprises à rendre une partie de l'argent reçu du fond d'indemnisation, un organisme placé sous tutelle du ministre de la Santé. Ce troisième procès devrait donc être le dernier et pourrait coûter cher aux victimes indemnisées. Les victimes ont donc manifesté jeudi à Douai pour réclamer l'arrêt de ces procédures judiciaires.

"Rembourser… c’est révoltant parce que l’argent, on ne l’a plus, on l’a dépensé. A notre âge, on a fait plaisir aux enfants, on a refait la maison. Comment faire pour rembourser, c’est les enfants qui vont rembourser ? Il n’en est pas question", s’indigne Marceau, 35 ans, ancien salarié d’Eternit censé rembourser ses indemnités.

L’espoir vient de Matignon

Les victimes de l’amiante ont d’autant plus médiatisé leur combat que François Hollande et d'autres personnalités socialistes s'étaient engagés pendant la campagne présidentielle à soutenir les victimes.

"Ce ne sont pas simplement des promesses qui ont été faites, ce sont des promesses qui ont été écrites. Pourquoi continuer à harceler les victimes, pourquoi s’acharner sur elles ? Pourquoi cet organisme, qui est censé les défendre, les indemniser, agit-il de la sorte ?", réagit Pierre Plutat, qui préside l'association des victimes de l'amiante. Ce dernier a donc interpellé Marisol Touraine, la nouvelle ministre de la Santé, pour lui demander d’intervenir.

Mais la réponse politique est venue d’encore plus haut : un élu local a reçu vendredi en fin d’après-midi un coup de téléphone de Matignon, avec un engagement : le gouvernement va étudier ce dossier en urgence.