Accusée de trop se consacrer à la Shoah

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Une professeure accusée de manipuler ses élèves et de manquer de "neutralité" a été suspendue.

On lui reproche d’avoir manqué à ses obligations "de neutralité et de laïcité". Une professeure d'histoire à Nancy, qui avait l'habitude d'organiser des voyages en Pologne et en République Tchèque depuis une quinzaine d'années avec ses classes, a été suspendue quatre mois de ses fonctions.

Une manifestation en décembre

"Depuis l'arrivée d'une nouvelle direction de l'établissement en 2007, on s'acharne contre elle, on veut s'en débarrasser", affirme son avocate. "La faute que l'enseignante a commise n'est-elle pas d'être juive?", interroge Me Christine Tadic, qui a saisi mardi en référé le tribunal administratif pour suspendre la décision du recteur.

Catherine Pederzoli, 58 ans, a fait l'objet d'une enquête de l'Inspection générale de l'Education nationale suite à une manifestation organisée par certains de ses élèves en décembre à Nancy, lors d'un déplacement du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Les lycéens protestaient contre la décision de réduire de moitié le nombre d'élèves participant au prochain voyage. La professeure avait été suspectée d'avoir organisé la manifestation et manipulé ses élèves.

L’emploi du mot Shoah

Dans un rapport rédigé en juillet, les inspecteurs pointent des "manquements aux obligations de réserve, de neutralité et de laïcité", et reprochent à l'enseignante l'"instrumentalisation des élèves" par des "lavages de cerveaux". Les inspecteurs estiment que Catherine Pederzoli consacre trop de temps à l'organisation de voyages sur l'histoire des juifs en Europe centrale, comprenant des visites à des camps comme celui d'Auschwitz-Birkenau, dans l'actuelle Pologne.

Les auteurs notent en outre que, lors de leur entretien avec la professeure, cette dernière a prononcé 14 fois le mot "Shoah", "tandis que le terme à la fois plus neutre et juridiquement fondé de +génocide+ n'(a été) mentionné que deux fois, comme en passant", écrivent-ils.